Je viens de terminer un petit bouquin tout bête, tout con, mais bien utile pour rappeler quelques règles de bon sens et de bonne vie : ... Et la gentillesse dans tout ça ? de Georges Chétonine chez Eyrolles.
Rien d'extravagant dans cette lecture ? Et bien, en fait oui !
Car il s'agit ici de la véritable gentillesse, gratuite et aimable, et non de cette politesse de façade, consuelle et molle, que tout un chacun semble pratiquer allégrement depuis une vingtaine d'année, ici et un peu partout en Occident. Symptomatique d'une indifférence à l'autre totale et d'un égoïsme forcené, cette attitude est facteur de stress, de tristesse, de détresse non seulement de la part des personnes y sont confrontées, mais également de la part des émetteurs de cette posture à la noix.
La véritable gentillesse, c'est un mot, un geste qui ne coûte rien mais qui rapporte gros.
C'est une attitude singulière à chacun. Une culture quotidienne et individuelle qui a un effet boule de neige et collectif. Et le plus amusant, c'est que quand on commence, on y prend goût.
Dans le bouquin, j'ai retrouvé des situations familières et évidentes, tellement évidentes que je me suis demandée, "mais comment peut-on remplir 170 pages sur un tel sujet ?"
Sauf qu'aussitôt, j'ai apporté un autre regard sur mes pratiques quotidiennes et assez involontairement me suis mise à mettre en oeuvre la gentillesse naturelle, la sympathie à l'autre, qui sommeille en chacun de nous et ne demande qu'à étendre ses ailes.
En France, nous ne sommes vraiment pas les plus gentils du monde. De loin s'en faut ! Combien de fois me suis-je dite, au retour de quelques mois passés à New York par exemple, "bienvenue à la maison, ma poule !" devant la mine renfrognée et l'incivilité des personnes rencontrées dès l'aéroport !!! Nous avons toujours peur de passer pour des imbéciles à être simplement sympathique avec les autres.... "trop bon, trop con"... ah ah...
Et pourtant, pratiquer la gentillesse, c'est justement tout l'inverse de la bêtise et de la brute, c'est même le signe d'une certaine hauteur de vue. D'une attitude civilisée, voire d'une philosophie.
C'est, en outre, un excellent remède et un facteur de bonne santé physique et mentale.
Les occasions pour moi d'être gentille avec les autres ne me manquent pas actuellement : le mois d'août dans un Paris pluvieux, plein de touristes paumés, ou de mamans chargées de valises et d'enfants, dans les métros et RER m'en donne l'occasion quotidienne.
Un sourire, une attention "puis-je vous aider ?" avant même que l'autre ose demander, et bien ça ME fait un bien fou aux artères.
Pratiquer la patience aussi. Prendre le temps.
Ce ne sont pas 5 minutes en plus ou en moins qui vont changer la face de mon existence, non ?
La gentillesse avec les ouvriers qui travaillent sur mon chantier.
J'ai très vite remarqué que j'avais affaire à une équipe de bosseurs joviaux. Alors, de temps en temps, le matin, j'amène les croissants en même temps que le "bonjour". Je leur demande d'où ils viennent, je les écoute avec intérêt. De bosseurs, ils sont passés entousiastes et vraiment amicaux.
Je leur fous la paix, je travaille dans mon coin et eux dans le leur. Je fais le point régulièrement et avec calme en les écoutant. Et je sais que je peux leur demander des tas de coups de main non prévus au contrat.
Désamorcer les situations avec les gens pas gentils, les HSPG, comme dit l'auteur, ou homo sapiens pas gentils, c'est chouette aussi : prendre avec calme et sérénité les commentaires oiseux et l'attitude négative du vendeur chez Darty ou chez Point P. Du collègue de travail, du toubib glacial, du patron pas juste et qui exagère vraiment et tout le temps. Que faire ? me rendre malheureuse à chaque pierre du chemin ou passer mon chemin ?
Et puis ne jamais oublier de remercier chaleureusement l'individu grognon ou mal embouché qui, tout en râlant, a bien fini par obtempérer et se retrouve tout con devant autant de sympathie de la part d'un congénère !
Changer peut-être le cours de sa journée à lui aussi...
Car la gentillesse, l'humour, le sourire, à l'instar de l'agressivité ou de la violence quotidienne, sont hautement contagieux.
Et ça fonctionne vraiment, faites-moi confiance : on respire mieux et plus amplement, on se sent plus peps, ragaillardi pour affronter des situations parfois impossibles qui de fait, avec un nouveau regard et un petit coup de pouce interactif, semblent s'applanir.
On ne tente plus de prouver plein de trucs (en anglais "make a point") à des gens qui, au final, s'en fichent complétement ou rejettent une attitude négative de toutes façons.
La gentillesse, c'est aussi savoir dire "non" à bon escient, et éviter de faire perdre du temps à tout le monde en se mettant la rate au court-bouillon.
En conclusion, on vit plus... comment dire... simplement.
J'ai mis des années à comprendre ça, gonflée à l'hélium de toutes mes pseudo-revanches à prendre et de toute ma colère à exercer envers l'autre, et surtout envers moi-même. Un satané poison.
Je suis encore en apprentissage et tente d'éviter les situations d'agressivité potentielle : comme prendre le volant aux heures de pointe (vive le métro !), réfléchir un peu avant de sortir une vanne ou de sauter à la gorge de mon prochain, que ce soit un vrai con ou simplement un gros malentendu.
Je laisse couler les demandes qui me gavent plutôt que de leur répondre du tac au tac. "Live and let live". Si je n'ai pas d'autres solutions, je fais bref et direct, en évitant les pièges des embrouillaminis concoctés par les autres ou pas mon petit cerveau reptilien.
C'est pas gagné, mais la motivation, au vu des résultats, est comme la mousse : expansée !
A chacun, chacune, sa pratique de la gentillesse, mais surtout.... de la gentillesse, bordel !!! :)
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