Samedi, Steph a eu la bonne idée d'inviter un copain de boulot à la maison pour déjeuner. Il fait beau, j'ai fait les courses la veille. Pour une fois, après goûtage, tout a l'air délicieux et à la hauteur de ma défunte réputation de fine cuisinière. Un fondant au chocolat citronné, sorti de mon bain-marie, a l'air de celui qui va faire du bruit dans les chaumières.
Bref, moral au beau fixe. J'étais néanmoins prévenue, "mon copain vient avec son épouse et ses deux petits".
La veille j'ai pris de la passiflore et me trouve dans un état de grande souplesse sociale.
A 13 h pile, les voilà. Ou plutôt deux individus flanqués d'un petit troll, ployant sous un déménagement... duquel émerge une frimousse à peine réveillée. Voici donc les grands, le petit et la toute petite. A peine entrés dans la maison, je vois les murs rétrécir autour de moi.
Chaise haute, sacs à dos, sacs en plastique avec deux matelas, autres sacs en plastique de nature indéfinie.
Mince, on n'est que 4 adultes et 2 petits, mais les 115 mètres carrés semblent tout soudain se transformer en studio kitchenette.
Après les effusions d'usage et une retraite précipitée de la chatte au fin fond du jardin (les bêtes, parfois, je les envie...), j'arrive à rabattre mon troupeau vers la grande pièce pour boire une coupe.
Las, les bulles ont tout le temps de se tasser au fond des coupes, et le champi de tiédir, le temps que divers gobelets et ustensiles en plastique émergent des sacs afin d'abreuver les bambins de liquides assez peu engageants mais redoutablement poisseux.
Entre deux tartines de tarama, l'héritier qui en a déjà plein son petit pull, sort un engin de son havresac. Un truc affreux avec un stylo magique, qui fait du bruit et qui "chante".
Déjà que je ne suis pas arrivée à en placer une avec les grands (j'ignore encore leurs prénoms !), j'hésite entre monter encore le ton et faire semblant d'entendre ce qu'on me dit, ou bien .... ou bien quoi ? Tous les noyer ?
Mais au moins, le petit est à présent centré sur quelque chose. Après avoir tenté de démonter tout ce qui pouvait bien lui passer sous la main de mes petits objets tendrement aimés ;))
Ils sont bien sympathiques les grands, j'aimerais vraiment les connaître, mais là, ça ne va pas le faire, je sens...
15 heures, on passe enfin à table. J'avais tout prévu pour que le petit puisse manger de tout : un truc avec du riz en entrée, un truc avec de la purée ensuite, un gâteau au chocolat enfin. La toute petite, elle, est ficelée sur la chaise haute et me regarde comme une princesse mongole montée sur son chameau.
Bon, ça va peut-être le faire. Le vin aidant, je reprends courage. Et tâche de donner un semblant de sociabilité à ce déjeuner.
Des nèfles, Cath. Tu ignore encore un truc fondamental !!!! Les gens qui vont chez les autres avec leurs moutards ne parlent que de leurs moutards, et si jamais ils tentent une incursion vers d'autres sujets, lesdits moutards les rappellent à l'ordre dans la seconde !
Je passe sur les nombreux interludes pimentant le repas. Le petit escaladant les escaliers pour les redescendre façon Jackass. La toute petite tombant de sa chaise haute, ficelée et tout, gigotant pour rejoindre son frère...
Dans ces cas-là, j'interviens. Ca va déjà plus vite que si les parents s'en mèlent, car ils parlementent et négocient. Erreur ! J'en sais trop rien, mais quelque chose me dit qu'il est inutile de négocier avec plus petit que soi. On ne gagne jamais !!!
Au café, j'abandonne Steph et file dans le jardin pour une bouffée de calme. Erreur aussi. Le petit me suit, pour "voir la chatte". Puis pour m'accompagner sur le toit, mon refuge. Je le tiens fermement. Et là, quoi ? Je fais quoi avec ?
Au secours, Steph !!!! Et le petit qui hurle pour m'encourager et appelle Steph, Steph, Papa, Papa, Maaaaaaammmaaaaaannnn !!!!! Tous sortent en courant, affolés, s'attendant au pire... Dès que la maman est à portée de bras, je lui passe son fiston. Ouffff ! Répit de courte durée. Il faut courir à l'intérieur sur le champ, la petit ayant été abandonnée à elle-même...
A 18 heures et après quelques allusions, j'arrive enfin à rassembler mon petit Barnum direction la sortie. Pas si simple, il faut rassembler jouets, livres, crayons, chaussures, chaussons, gants, bonnets, manteaux, plier la chaise-haute, remettre les matelas dans les sacs et tout le reste...
Une demie-heure plus tard, ils sont enfin partis. Je remonte sur le toit et m'effondre dans une chaise longue. La chatte me saute sur le ventre et se met à ronronner. Steph me monte un cognac.
Je suis encore en état de choc.
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