Post-crossing avec Olivier Zablocki, blog Ville2
"PROPRIETAIRES A TOUS PRIX : NOUVELLE FORME D'ALIENATION ?"
Suite à notre première analyse "Vivre Ensemble (part 1)", il convient d'attirer l'attention sur divers points qui nous semblent importants :
1) Le "tous propriétaires" dont on tente de persuader nos concitoyens
comme étant la solution en vue d'un "complément retraite" : en effet,
bon an, mal an, un bien immobilier ne pourra sur le long terme que
s'apprécier.
Or, n'est-ce pas une façon pour l'état français de se dédouaner et de
demander aux citoyens de palier à sa propre carence en matière de
réforme des systèmes de retraites. Sujet ô combien de fois effleuré
mais dont personne ne s'est aventuré à prendre à bras le corps depuis
plus de 30 ans.
2) Suggérer que les Français ne sont pas "assez endettés" en
comparaison de leurs voisins Outre-Manche, Espagnols, Italiens, sans
parler des Américains, et qu'ils gagneraient à se laisser tenter par
les sirènes du crédit, et le récent élargissement du recours à
l'hypothèque, est un argument qui frise la manipulation et
l'escroquerie économique et politique.
En effet, les situations professionnelles ne sont plus linéaires et
stables comme par le passé et les accidents de parcours fréquents.
Quid d'un ménage s'endettant sur 40 voire 50 ans, sur la
base de taux révisables par dessus le marché, en cas de perte d'emploi ?
Ceci n'induirait-il pas, de la part des salariés sur-endettés une
certaine "docilité" au travail et une acceptation d'innombrables abus,
afin de conserver un travail à n'importe quel prix ?
3) Une nation de propriétaires devient par la force de la nature
humaine une nation de conservateurs.
Margaret Thatcher l'avait bien
compris dans les années 80, permettant à bons nombres de ménages
d'accéder à la propriété dans des conditions avantageuses.
Nicolas
Sarkozy vient de faire de même dans certaines communes des Hauts-de-Seine,
proposant aux ménages vivant en HLM d'acheter leur logement, faisant
baisser par la même occasion le nombre de logements sociaux dans son
département...
"Président du conseil général des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy a
décidé en 2005 de vendre 4 000 HLM dans son département en cinq ans
(soit 800 par an en moyenne). Pour faire taire les critiques, il a
promis de les remplacer par des constructions nouvelles, devant
s'ajouter aux 3 300 logements sociaux nouveaux déjà programmés
annuellement par le département. Ce qui fait un total de 4 100
logements HLM à réaliser chaque année. Mais sur le terrain ça ne suit
pas : seulement 2 590 ont été construits en 2006 et à peine plus de 1
500 en 2005. Autre fait d'armes : maire de Neuilly pendant neuf ans,
Nicolas Sakozy n'a jamais accordé une quelconque priorité au logement
social. Sa ville compte moins de 3 % de HLM. C'est l'une des pires
élèves parmi les communes de France, bien en deçà des objectifs de la
loi SRU qui impose 20 % de logements sociaux dans les communes de plus
de 3 500 habitants (1 500 en Ile-de-France)."
Libération 25 avril 2007
4) Les HLM n'ont pas bonne réputation dans l'imagerie populaire :
qualité de construction désastreuse, vieillissement prématuré des
matériaux, urbanisme défaillant (les "barres"), alors qu'avec
l'ensemble des nouvelles réglementations en matière de norme de
construction et de qualité environnementale, une HLM peut devenir un
logement collectif innovant et de grande qualité, au plan
accoustique, au plan des économies d'énergies, des entrées de lumière, de la circulation, des espaces de jeux...
Depuis Le Corbusier (avec sa Cité Radieuse à Marseille) jusqu'à nos jours, nombre d' architectes et urbanistes se sont attachés à résoudre l'équation : construire à coût modéré tout en construisant bien.
Et, "last but not least", il est temps de proposer à l'humain de se réapproprier sa ville : socialisation et échanges naturels entre les habitants, aboutissant à des communautés naturelles et de grande qualité de vie pour chacun.
Aux résidents et futurs résidents de poser eux-mêmes, en amont, questions et exigences auprès d'un corps de professionnels allant des urbanistes aux sociologues, en passant par les ergonomes, les philosophes, voire même les jeunes étudiants en école de design !
La résolution technique de cette question se situe plus en aval de notre réflexion ci-dessus.
Les réalisations au plan technique sont certes liées aux normes et aux
architectes mais avant tout autre chose à la nature de la maîtrise
d'ouvrage.
C'est parce que la nature même de la maîtrise d'ouvrage est médiocre
que les résultats sont nuls. Il faut d'abord faire émerger des maîtrises d'ouvrage du 3ème type
pour espérer obtenir des résultats convaincants et à grande échelle, et
non simplement des réalisations exemplaires ici et là, malheureusement
bien trop rares et convoitées.
Consulter quelques réalisations > ICI et ICI
En savoir plus, en débattre : nous contacter !
Cath & Zablo
Illustration : éco-hlm : Chantal & Jacques Jolly-Devourdy
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