Post-crossing avec Olivier Zablocki, blog Ville2
"LES COOPERATIVES HLM DOIVENT REDEVENIR UNE IDEE NEUVE EN FRANCE"
Nous venons de vivre une longue période insupportable d'inflation sur
les loyers tandis que l’achat d’un logement est devenu définitivement
un luxe de riches.
A la lecture d'un récent dossier d'Alternatives
Economiques ICI > "Logement : comment sortir de la crise", le bilan est désastreux :
> Les ménages gagnant moins de deux Smic (soit près de la moitié de la population française) ne représentent plus que 16 % des acquéreurs en 2005, contre 28,5 % dix ans plus tôt.
> La part des primo-accédants recule, et quand ces derniers
achètent, ils s’endettent sur des durées de plus en plus longues, qui
les mettent à la merci des aléas de la vie : ICI > le mal-logement traduit donc une crise de l’offre : elle est
insuffisante et mal adaptée aux besoins. Il reflète aussi une crise de
la demande.
> La panne de l’ascenseur du logement renvoie à celle de l’ascenseur social.
> Les conditions restrictives d'accès aux logements HLM, selon des conditions de ressources, laissent en dehors du système toute une partie des classes moyennes de ce pays.
Aux loyers trop chers, à l’accession à la propriété impossible, il faut
opposer d'urgence un changement de point de vue radical.
N'y aurait-il
d'autres hypothèses que l'hyper-individualisme stérile de la propriété
de son logement, le fantasme d'une nation de propriétaires pour les
uns, ou le traitement social du logement en forme de ghetto pour tous
les autres ?
Il est pourtant possible de réconcilier (1) une certaine forme d'épargne
des particuliers dans la pierre sur le long terme et (2) la jouissance d'un
logement.
D'autres stratégies individuelles et collectives en matière
de logement sont effectivement possibles à la condition d'échapper
préalablement à la propagande officielle qui profite de la confusion et
de la peur de l'avenir pour laisser croire à chacun que seule la
propriété individuelle de son logement peut apporter à la fois la
sécurité et le bonheur individuel.
Pour y parvenir, il faut d'abord détacher ces deux aspirations (1 + 2) pour éviter qu'elles ne s'anéantissent l'une l'autre.
Cela ne peut passer que par le montage d'entreprises de promotion immobilières d'un nouveau type, créées à l'échelle d'un quartier ou d'un village, orientées au plus près du terrain sur le montage de nouveaux projets.
Le cadre entrepreneurial des sociétés anonymes coopératives d’intérêt
collectif d’habitations à loyer modéré (SCIC-HLM) telles qu'elles sont
définies par le décret n°2004-1087 du 14 octobre 2004 modifiant le code
de la construction et de l’habitation est particulièrement adapté à
cette approche.
De forme privée et d'intérêt public, SCIC en général et la SCIC-HLM en particulier est une nouvelle forme d'entreprise coopérative qui permet d'associer celles et ceux qui, salariés, bénéficiaires, bénévoles, collectivités territoriales ou tous autres partenaires, veulent agir ensemble dans un même projet de développement local.
C'est bien de ce type de micro-opérateurs dont nous avons un urgent besoin.
Parce que le poids et les risques liés à une stratégie individuelle d'emprunt pour l’achat d’un bien immobilier sont désormais considérables, parce que les aléas de la vie personnelle et professionnelle peuvent déstabiliser les prévisionnels les mieux établis, il apparait plus raisonnable d’acquérir des parts d’une société coopérative de ce type tout en devenant au final locataire de celle-ci au lieu de tenter l'impossible acquisition individuelle d'un bien immobilier .
Voilà une stratégie qui est adaptable pour tous et quelque soit la situation initiale de chacun : sociétaire-locataire.
Dans une telle boucle de rétroaction, la négociation collective permet de générer de plus grandes capacités d’emprunt dans de meilleures conditions, d'acquérir et d'aménager des biens immobiliers mieux adaptés aux nouveaux modes de vie contemporain, de se les louer à l'issue du processus, de mieux se protéger alors collectivement en cas de difficultés tout en conservant une parfaite mobilité individuelle.
Pour l'heure, les organismes HLM réunis notamment au sein de l'Union Sociale pour l'Habitat en général et la Fédération nationale des sociétés coopératives d’Hlm qui utilise parfois la forme SCIC-HLM, n'agissent que dans des contextes lourdement institutionnalisés dans lesquels le statut de coopérateur est purement théorique mais ne recouvre pas au niveau de chaque usager de réelles pratiques d'engagement individuel et de coopération qui devraient pourtant en être la véritable matière première.
Sans doute n'était-il pas possible de jouer par le passé la carte de cette mobilisation réelle ; les capacités d'auto-organisation, autogestion des coopérateurs étaient limitées par les outils disponibles.
Mais aujourd'hui la palette très étendue des ressources en libre accès sur l'Internet nous donne des capacités d'action opérationnelles considérables qui permettent d'imaginer de multiplier très rapidement ce type de montage d'initiative populaire et de produire, en quelques années, à l'initiative d'individus autonomes une nouvelle et puissante organisation d'intérêt collectif en réseau à l'échelle du pays.
Les coopératives d'HLM doivent redevenir une idée neuve en France.
Il
suffit à partir de quelques opérations exemplaires ayant valeur de
tests et de modèles à adapter, de pratiquer un déploiement
plug-and-play de ce type d'opérateurs, facilitant le basculement
systématiquement de la propriété du patrimoine entre les mains de ces
nouvelles sociétés coopératives d'intérêt collectif (SCIC) dans
lesquels chacun se retrouve effectivement en position d'actionnaires
tandis que, en matière d'usage, chacun se retrouve en position de
locataire.
La Fédération nationale des sociétés coopératives d’HLM,
fondée en 1908, regroupe aujourd'hui à l’échelle nationale quelques 160
coopératives d’HLM à mauvaise échelle.
Ce chiffre est dérisoire il nous
en faudrait une par quartier et une par commune, plus ou moins 37 000 à
bonne échelle.
C'est à partir des capacités d'auto-organisation de
l'Internet que cet objectif peut être atteint en 5 ans.
Que les plus enthousiastes se retrouvent dès aujourd'hui pour en
discuter plus avant.
Quant aux sceptiques, donnons-leur rendez-vous en
2012 pour juger du résultat quand les politiques proposées par tous les
candidats sur le front du logement auront, encore une fois, échoué sur
fond d'éclatement de la bulle immobilière !
En savoir plus, en débattre : nous contacter !
Cath & Zablo
Suite de cette note : ICI
Illustration : éco-hlm : Chantal & Jacques Jolly-Devourdy
Les commentaires récents