et le troisième au derrière des imbéciles" - Jacques Prévert
J'ai invité les mots de Christine, la Kiki du blog, à venir sentiner ici, histoires d'aventures à pied publiées chez elle. Des nouvelles d'en-bas comme s'il en pleuvait, aux quatres rives d'un monde foulé au pied par la belle, sans oublier son pied bonus, arme fatale contre les cochons...
L'une de mes préférées...
Pont-du-Château, France, 2006 - il a beaucoup plu ces derniers jours, je saute de flaque en flaque, niquant le reflet pas beau du plafond bas dans les miroirs douteux semés sur le chemin, tableaux de ciel sur terre de cendre, le vent caresse doucement la mer triticale à perte de vue et gonfle mon coupe vent, je vole.
Je vois soudain une voiture qui déboule plein ballon sur le chemin. Je me range sur le bas-côté. Arrivée à ma hauteur, elle freine violemment, pluie de boue, je pense "gros con", la suite confirme.
Mais je suis encore en option "naïve". Le crétin ouvre sa fenêtre, je crois qu'il veut me demander quelque chose. Je le reconnais, c'est un paysan du coin.
Il est écarlate et n’a pas dû commencer la journée en suçant des
glaçons.
Alors que je m'approche de sa portière, il se met à hurler :
c'est pas un endroit pour se balader ici, connasse, nous on bosse, si
tu veux te promener, y'a des chemins de randonnées!
Je suis peace &
love comme fille mais là... Ici ce sont des chemins communaux, connard
toi-même, et je paye mes impôts comme toi alors je... Vlà-t'y pas que
le yéti ouvre sa portière et se jette sur moi, main levée pour m'en
mettre une !
Le pourcif est pas beaucoup plus grand que moi mais fait
bien son quintal et demi, bedaine brinquebalante et groin en avant, il
se rue sur moi en beuglant : et en plus, elle répond, la catin! Tu vas
déguerpir, salope, sinon je te culbute !
D'un coup, j'ai fouetté grave
et j'ai piqué un sprint pour échapper à Elephant Man.
Il a essayé de me
suivre mais, merci son cholestérol, l'a pas pu aller bien loin, niqué,
le gros ! Je me suis retournée pour prendre le numéro d'immatriculation
de la voiture et j'ai foncé jusqu'à la mienne. Mais j'avais la haine.
Contre moi !
De ne pas avoir pensé une seule seconde à lui redesigner
les burnes façon mes semelles gauffrées...
Au lieu de ça, j'ai foncé
chez Police secours, j'ai salopé les sols de la gendarmerie avec mes
grolles boueuses, j'ai dit au mignon fonctionnaire qui prenait ma
déposition d'arrêter de m'appeler "la victime", il a pas voulu mettre
"gros tas" comme description de mon naze graisseux agresseur, on a
discuté puis on est tombé d'accord sur l'expression "homme de forte
corpulence", il était gentil, mon flic, très prévenant et il
ressemblait à Robert Conrad dans les Mystères de l'Ouest...
En partant,
il a planté ses yeux blue dans les miens et m'a tendu la main en me
disant, n'hésitez pas à m'appeler s'il y a quoi que ce soit, je suis le
gendarme...
Polisson !
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