La mort est le moment unique dans notre vie.
Le point d'orgue, l'aboutissement d'une existence, l'événement le plus important qui puisse être depuis notre venue au monde.
L'aboutissement d'une existence.
L'être humain, avec son libre-arbitre, ses choix, ses décisions, ses chances et ses malchances forge seconde après seconde sa destinée.
L'être humain, nous tous et toutes, aspirons à une mort, à un départ, qui soit à l'image de la vie que nous nous sommes donnés. La vie que nous nous sommes donnés...
La mort que nous sommes en droit de pouvoir nous donner si les circonstances deviennent inhumaines.
Inhumaines...
Chantal, je souhaiterais trouver les mots pour te dire la profondeur de mon émotion et de mon respect envers toi, petite femme debout au sommet du courage et généreuse de tout l'amour que tu portes aux tiens et au monde, à nous tous et toutes.
Tu mènes un combat à chaque seconde renouvelée contre la douleur intolérable de la maladie qui te ronge.
Contre la douleur intolérable de l'obscurité dans laquelle notre vieille civilisation est plongée. Notre civilisation "des lumières", de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Fraternité. Toi tu l'incarnes comme jamais ce mot n'a pu être incarné à ma connaissance.
Ton combat dans ton agonie, tu tiens à le mener jusqu'au bout pour que tes frères et tes soeurs puissent, un jour, sans doute, rencontrer leur mort dans la lumière et dans la dignité de l'homme et de la femme debout face à son ultime moment.
Chantal, tu peux partir en paix. Le juge n'a pas pu répondre favorablement à ta prière. Tu le savais. La jurisprudence dans le domaine de la vie et de la mort ne peut avoir lieu. C'est la loi qu'il faut changer. Tu le savais.
Tu peux partir en paix. Tu sais que grâce à toi, grâce à d'autres qui n'ont pas ta force ou n'ont pas fait le choix de se faire entendre pour toutes les raisons que nous respectons, la loi inique va changer. Tôt ou tard.
Chantal, je te porte en mon âme. Tu peux partir en paix. Tu es dans le coeur et dans la mémoire collective de ceux qui souffrent et de ceux qui luttent, en silence, pas après pas. L'injustice est de mise. Mais à cause d'elle, les héros se révèlent. Bien souvent des femmes d'ailleurs...
Chantal, un jour, si telle est ma destinée, je serais à mon tour plongée dans l'agonie. Je ne peux préjuger de mon esprit et de ma force alors. Je ne peux qu'espérer que le souvenir de tes mots d'amour m'accompagneront jusqu'à ma fin.
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