"C'est quoi ton signe ?" demande Mary Ellen.
"Cunninlingus", répond Katz d'un air terriblement frustré.
Elle le regarde. "Je ne connais pas ce signe. Je croyais pourtant tous les connaître. Moi, je suis Balance." Elle se tourne vers moi. "Et toi, c'est quoi ?"
"Je sais pas". Je tente de trouver un truc. "Nécrophile."
"Je ne connais pas celui-là non plus. Dites, les mecs, vous ne seriez pas en train de vous foutre de ma gueule ?"
"Oui", en coeur.
C'était deux nuits plus tard. Nous campions dans un site appelé le Passage du Tombeau de l'Indien, entre deux sommets. L'un épuisant rien qu'à s'en souvenir, l'autre déprimant rien qu'à le regarder.
Infatigable, Mary Ellen reprit "c'est quand ton anniversaire ?".
"Le 8 décembre."
"Tu es Vierge alors."
"Non, en fait je suis Sagittaire."
"Vouai, quoi qu'il en soit." Et puis brutalement "Putain, les mecs vous puez !".
"Ben, tu sais, on a crapahuté."
"Moi, je ne transpire jamais. Je ne rêve pas non plus."
"Tout le monde rêve...", dit Katz.
"Et bien, moi pas", rétorque Mary Ellen.
"... à part quelques individus doté d'une intelligence très en-dessous de la moyenne. C'est un fait scientifique."
Mary Ellen regarde Katz sans réagir pendant un moment, puis de but en blanc elle lance à la cantonade "Vous connaissez ce rêve où vous êtes à l'école, hummm, et vous réalisez soudain que vous êtes tout nu devant tout le monde ?" Elle s'ébroue. "Je déteste ce rêve !"
"Je pensais que tu ne rêvais jamais", dit Katz.
Elle le regarde un long moment, comme si elle tâchait de se souvenir qui il était. "Et tomber..", lâche-t'elle, impertubable. "Je déteste ce rêve aussi. Tu tombes dans un trou sans fond, et tu tombes, et tu tombes." Elle se mouche bruyamment dans ses doigts pour se déboucher les oreilles.
Katz la regarde l'air de rien. "Je connais un mec qui a fait ça une fois", dit-il, "et son oeil lui est sorti de la tête."
Mary Ellen le regarde d'un air soupçonneux.
"Il a roulé à travers le salon et son clebs l'a bouffé. Pas vrai, Bryson ?"
J'opine.
"Toi, tu me fais marcher !"
"Pas du tout. L'oeil a roulé sur le sol et avant que quiconque ne puisse intervenir, le chien l'a gobé en un seul morceau."
J'opine à nouveau.
Elle réfléchit un moment. "Alors, ton copain, il a fait quoi avec son trou dans la tête ? Il a mis un oeil de verre ou quoi ?"
"Il aurait bien voulu, mais il était fauché. Alors, il a pris une balle de ping pong et a dessiné un oeil dessus puis se l'est plantée dans l'orbite."
"C'est dégueulasse", souffle Mary Ellen.
"Donc, si j'étais toi, j'arrêterais peut-être de me moucher tout le temps dans les doigts pour déboucher tes oreilles."
Mary Ellen contemple Katz pendant un moment. "Vouai, peut-être que tu as raison", dit-elle enfin. Et illico, elle se mouche dans les doigts pour se déboucher les oreilles.
Traduction libre à la Cath d'un morceau typique de "A Walk in the Woods" de Bill Bryson, récit de sa traversée de l'Appalachian Trail (6 mois) et de ses rencontres d'infortune...
En français pour ceux qui souhaitent se marrer un peu, lire et relire TOUT Bill Bryson et ses périples à travers le monde. "A Walk in the Woods" ne semble pas être traduit, seule une version allemande existe "Picknick mit Bären". Je ne pense pas que cette information puisse être d'une quelconque utilité...
Si vous voulez d'autres bonnes feuilles, à votre dispo... ;)
Les commentaires récents