Lu, approuvé et piqué chez Resse qui décrit avec mille talents ce nouvel avatar d'une époque définitivement niaiseuse.
Tintin, j'aime moyennement on va dire, d'autant que les bobos honnis s'en sont récemment emparé... Mais bobo ou pas, là n'est pas la question.... ;) Magnéto Resse !!!
" Bienvenu Mbutu Mondondo étudie les Sciences Politiques en Belgique. Quand ses études lui laissent quelque temps libre, il plonge dans de vieux livres, et découvre avec effarement qu'on a édité voilà 70 ans, "un livre aux préjugés racistes abominables". Rien de moins.
Mein Kampf ?? ...
Tintin au Congo.
Evidemment la lecture de cet ouvrage, paru aux sombres heures du colonialisme catholique belge triomphant, a profondément blessé, nous dirons humilié, cet étudiant qu'on eût pourtant pu penser plus solide affectivement, et préparé à la controverse, les Sciences Politiques empruntant assez peu aux bons sentiments en vigueur sur l'Ile aux Enfants, où notre jeune interdiseur rêve sans doute de couler des jours plus heureux, son diplôme obtenu.
Il attaque donc en justice. S'appuyant d'ailleurs sur une recommandation préalable des puritains anglais, qui ont sans rire choisi de classer l'ouvrage odieux au rayon "BD Adultes". Il faut dire qu'existe là-bas une très officielle Commission pour l'Egalité des Races, qui s'est émue qu'on osât faire parler (avant-guerre, mais ce détail n'a pas eu l'heur d'atténuer l'ire des membres honorables de la commission) des personnes de couleur en "parler petit nègre".
"Le fait que l'ouvrage ait été écrit il y a longtemps ne les rend pas plus acceptable", ont au contraire estimé nos doctes censeurs du Bien en marche. Homo Nombrilis n'aime pas seulement contraindre le présent à ses diktats. En bon obsessionnel, il estime aussi devoir y soumettre le passé, en vertu des critères par lui validés.
Surfant sur cet oukase, Bienvenu Mbutu Mondondo a contacté le "centre pour l'égalité des chances" de la bonne ville de Bruxelles. Las, nous apprend le Figaro, celle-là a jugé que sa démarche "hyperpolitiquement correcte" "frisait le ridicule". On craint que le mot "frise" n'ait relèvé d'une ironie déplacée [fût-elle inconsciente] à l'encontre des hommes aux cheveux crépus. Et l'on frémit que le centre pour l'égalité des chances ne se retrouve, à son tour, convoqué chez le juge.
En attendant, le quotidien du matin nous apprend qu'une autre commission à effacé du même ouvrage, décidément bien plus sadien qu'on l'avait d'abord estimé, un certain nombre de vignettes où le fasciste Tintin chassait des animaux sauvages. L'Inde a exigé qu'on enlevât les scènes où l'immonde s'en prenait à des buffles (là-bas sacrés, qu'on ne l'oublie point), et en Scandinavie on a obtenu que la vignette où un rhino se faisait exploser à la dynamite, soit également retirée de l'ouvrage? Qu'on eût à ce rythme plus vite fait d'interdire, purement et simplement.
Reste que Bienvenu Mbutu Mondondo devrait se plonger, toutes affaires cessantes, dans les oeuvres de Molière. Je ne doute pas qu'il demeurerait insensible à la turquophobie manifeste de l'ignoble Poquelin. Je l'invite à découvrir au plus tôt les atroces Fourberies de Scapin, où figurent ces funestes répliques que j'ai honte de reproduire ici.
Ah le pendard de Turc, m'assassiner de la façon!
(...)
Cinq cents écus! N'a-t-il point de conscience? SCAPIN: Vraiment oui, de la conscience à un Turc.
(...)
GÉRONTE: Mais dis à ce Turc que c'est un scélérat.
SCAPIN: Oui.
GÉRONTE: Un infâme.
SCAPIN: Oui.
GÉRONTE: Un homme sans foi, un voleur.
SCAPIN: Laissez-moi faire.
GÉRONTE: Que diable allait-il faire dans cette galère? Ah, maudite galère ! traître de Turc à tous les diables !
Si l'ami Bienvenu ne s'empare pas au plus vite de l'affaire, qui nuit à l'évidence aux bonnes relations que nous, européens, devons entretenir avec nos amis d'Ankara et Galatasaray, nul doute qu'il se trouvera du côté de la Rue Saint-Denis, quelque honnête revendeur de kebab prêt à porter le dossier sur les fonts baptismaux ; par exemple à la faveur de l'entrée en 6ème d'un de ses rejetons, classe où cette oeuvre infâme était jusqu'à nos jours enseignée.
Après Tintin, Molière au pilon ! Sans oublier Voltaire, sur le cas duquel on se repenchera bientôt, à n'en pas douter. " By Resse...
En illustration, choses définitivement proscrites des étals : gâteaux "tête de nègres", réglisse Haribo "tête de nègre", mon sac à main coloris tête de nègre (pour info, les fleurs en feutrine sont tombées :) et bien sûr le Y'a Bon qui a enchanté mon enfance post-coloniale...
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