"La plupart des familles de notre quartier comptait deux ou trois enfants.... les familles de six ou sept enfants étaient rares, les enfants uniques plus encore....
Petit, je ne supportais pas le terme de fils unique.... Cette expression était comme un doigt tendu vers moi pour me dire : tu es un être incomplet. Dans le monde où je vivais, il était communément admis que les enfants uniques étaient gâtés, faibles et terriblement capricieux. C'était là une sorte de loi divine et naturelle, du même ordre que les vaches donnent du lait... C'est pourquoi je détestais qu'on m'interroge sur la composition de ma famille. Je savais que, dès qu'il aurait entendu ma réponse, mon interlocuteur se dirait : ah, c'est un enfant unique ; donc ça ne fait aucun doute, il doit être gâté, faible et terriblement capricieux. Ces réactions stéréotypées me blessaient, je les connaissais sur le bout des doigts, jusqu'à l'écoeurement."
Haruki Murakami, "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil".
Moi-même, enfant unique, fille d'un père et d'une mère, tous deux enfants uniques. Ca va bien, merci ;)
Si j'avais eu un enfant, le nombre un se serait imposé à moi également. Sans autre façon...
Vous avouerais-je que j'ai aimé être cette "unique" au coeur d'un univers peuplé de fratries, bien souvent tourmentées à mes yeux d'enfant protégée à jamais d'un(e) autre avec lequel composer et partager l'amour exclusif des parents ?
Certes, toute seule, il était épuisant d'ouvrir une à une les portes de la vie et sauter les obstacles, sans aucun renfort, face aux adultes. Il était également difficile de décrypter les autres enfants, mes "pairs", alors que j'évoluais naturellement dans un monde d'adultes.
Comme Murakami, j'en ai entendu des commentaires oiseux. Encore et encore. Mais au contraire de lui, je m'en moquais car la situation me convenait.
Je tirais même une certaine fierté de cette singularité, sentiment déplacé puisque je n'y étais pour rien !
Mais la présence d'un frêre ou d'une soeur ne m'a jamais manqué. Comment connaître le manque d'une chose dont on ignore tout ?
A contrario, j'ai de la peine à comprendre, chez les autres, que frêres et soeurs ne soient pas toujours comme les doigts d'une même main... On idéalise sans doute ce qu'on ne connait pas...
Et vous, les ami(e)s, votre univers est-il unique ou pluriel ?
Avec vos soeurs, vos frêres, comment cela se passe-t'il ?
Et les enfants ? Ils s'entendent, se foutent sur la gueule, s'ignorent, se soutiennent ?
Et qu'avez-vous à dire, pour de vrai et sans fioritures, au sujet des enfants uniques que vous connaissez ?
Bref, toute ouïe je suis, tant ma curiosité est grande !
Les commentaires récents