Pleine tendance, notre bon vieux Danone, fleuron de l'industrie agro-alimentaire française et mondiale, star incontestée des petits porteurs et du CAC40 !
Très remarqué récemment avec le lancement de son Essensis (et non, ce n'est pas une bagnole !), premier avatar du "Cosmetofood" en France, ou produits alimentaires qui rendent beau de l'intérieur...
Mais également et surtout avec son fonds social Danone.Communities, sous-titré "microyaourt aromatisé prix Nobel de la paix". Sous-sous-titré "un nouveau modèle économique et social", rien de moins !
Danone.Communities, qu'est ce que c'est ? Un fonds d'investissement social et une joint-venture initiés en décembre 2006 entre le Numéro 1 mondial des produits laitiers frais, représenté par Franck Riboud, et le Numéro 1 mondial du microcrédit, la Grameen Bank, représentée par son Président et Prix Nobel de la Paix 2006, le Bangladais Mohammed Yunus...
En pratique ?
Au Bengladesh, on prend 300 microfermes de quatre vaches en moyenne.
Microfermes créées avec des microcrédits de la Grameen Bank (à un taux relativement élevé de 20% en moyenne, mais sans exiger de garantie).
On achemine le lait dans une unité de production, située au nord de Dacca, où devraient rapidement être produites 3 000 tonnes de yaourts. Il parait que le lait est acheminé dans la plupart des cas à la force des mollets de courageux pédaleurs.
Si tout va bien, deux nouvelles usines devraient voir le jour courant 2008 ; une cinquantaine à terme.
En Asie, mais aussi en Amérique latine et en Afrique.
Pour en revenir au fonds d'investissement Danone.Communities, il a pour objectif de "lever" 50 à 100 millions d'Euros afin d'apporter 20% du capital du fonds, qui est ouvert par ailleurs aux actionnaires de Danone, aux salariés et aux particuliers.
Un "petit profit symbolique", compris entre 1 et 3 % du capital investi reviendra aux actionnaires.
Le reste étant alloué à la construction d'autres usines.
Il s'agit d'un fonds social, un "projet dont l'ambition est la maximisation d'objectifs sociaux et non la maximisation de profits". Pour l'occasion, Franck Riboud a d'ailleurs exhumé un discours de son père, le bien regretté Antoine, fondateur du groupe, devant le CNPF en 1972 où il est question de "mettre l'industrie au service des hommes" , de "croissance" qui ne doit pas "être une fin en soi" et de René Char...
Innovante certes de la part d'un grand groupe, cette initiative n'a pourtant rien de révolutionnaire : on a tous compris de longue date quelle pourrait être l'efficacité sociale du capital. D'où la création de la Graamen Bank et d'autres organismes de microcrédit, à l'utilité réelle, mais qui ne sont finalement que le financement des pauvres par eux-mêmes...
Sources : Christian Losson, Libération 19 décembre 2006 - Le Figaro 19 décembre 2006 - Newsletter de Graamen Bank
> Ci-après l'interview de Franck Riboud par Christian Losson, de Libération :
Vous pensez surfer sur un néomodèle, entre capitalisme pur et dur et philanthropie ?
"On est dans la continuité de notre double projet économique et social dont parlait déjà mon père, en 1972, et qui a structuré notre entreprise. Avec la mondialisation, il fallait un projet qui montre qu'on évolue. Avec notre fonds d'investissement, on est dans le socio-business, un business hybride, qui n'est pas de la charité sans retour, ni du profit à tout prix. Du vrai développement durable. Faire des yaourts à 5 centimes d'euro, deux fois moins cher que notre prix plancher traditionnel dans les pays en développement, c'est aider, avec l'alimentation, les plus pauvres à mieux se nourrir et à se développer."
Le prix Nobel de la paix en VRP Danone, formidable coup de pub gratuit ?
"Non ! On ne le récupère pas, on ne s'en sert pas. On converge vers le même intérêt, c'est tout. Notre culture d'entreprise, c'est d'apporter la santé dans le monde. On est convaincu, en pragmatiques, qu'il faut aller au-delà de nos clients traditionnels. Quand j'ai rencontré Mohammed Yunus, on a parlé de nos intérêts communs. On s'est dit : faisons quelque chose. Et on a passé un accord oral, avec une seule poignée de main, sur "Danone.Communities", notre fonds. Si un an après, ce symbole du microcrédit devient prix Nobel de la paix, je n'y peux rien !"
Un accord qui vous permet surtout de vous positionner en terme d'image dans des pays émergents ?
"Pfff, un jour, dans ce pays, on comprendra peut-être que les multinationales ont le droit de faire des profits et que ce n'est pas honteux. On peut faire du business au service de la pauvreté... Zidane l'a bien compris. Quand il y a quatre ans, je l'ai rencontré, je lui ai demandé : « Tu feras quoi après le foot ? ». « Rien, je ne sais pas », m'a-t-il répondu. « C'est pas un métier », lui ai-je rétorqué. Quand il est venu au Bangladesh, je lui ai dit : « Viens, je vais te présenter à un type formidable, qui fait du microcrédit » : il a découvert Yunus. Depuis, il met sa notoriété au service d'une cause. Comme Danone. Mais il faut être convaincu de sa mission."
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