Un cliché "en live" de ce qui nous attend ?
Je reçois chaque trimestre le catalogue des éditions Taschen.
Un livre magnifique y est présenté, l'oeuvre de Peter Beard, "The End of the Game" (en français, "les jeux sont faits" ou bien "la fin de la chasse").
Sous-titré : "Les derniers mots du paradis"
Peter Beard, c'est un voyageur photographe et conteur. Un homme du monde dans toute l'acceptation du terme. Il a aimé l'Afrique et l'a racontée en images et en notes, sans cliché et avec une poésie et un souci de vérité exceptionnels.
C'est pourquoi, ses témoignages invitent autant à réfléchir à notre lendemain, à nous !
Il y a 50 ans, l'Afrique que Beard découvre regorge de faune et de vie sauvage, est équilibrée au plan démographique, en majeure partie rurale et auto-suffisante au plan alimentaire.
Mais c'est déjà un eden violé.
Beard comprend, pressent l'avenir et raconte le drame à venir lorsque humains et bêtes doivent se confronter pour occuper un espace de plus en plus compté.
En raison des exodes, des explosions démographiques, de la corruption et des guerres sans fin, de l'application à une terre singulière de méthodes importées qui la ravagent et l'agonisent, sous prétexte de modernisation* et de rationalisation*.
*Comprendre : mise en coupe réglée de ses populations et de ses ressources.
*Parallèle, aujourd'hui : la mondialisation.
Au fur et à mesure que l'homme blanc, en très peu d'années, s'est enfoncé en Afrique, la vie s'en est allée, a quitté les plaines et les montagnes pour venir s'agglutiner dans les villes.
N'a-ton pas envie de faire un parallèle, ici, avec l'Amérique, l'Australie (encore que dans ces deux derniers cas, la rationalisation de la population ait été "finale", et la nature abondante mise en boite dans des parcs à touristes).
N'a-ton pas, à ce point, l'idée de faire un parallèle entre notre vie à nous, ici et maintenant, et ce que la pensée unique de la mondialisation tâche de nous faire gober, à savoir : marche et crève et dis merci.
Notre "homme blanc", à nous, étant le pire de tous les temps. Car on ne peut ni le voir, ni l'abattre. Il est un et multiple, planqué dans les méandres de la finance et du marché dont il édicte les lois à son bon vouloir.
En Afrique, les ressources semblaient, il y a encore peu de temps, "infinies" ! Thérodore Roosevelt disait au début du XXème siècle : "ce pays regorge d'animaux pour la chasse, infinis en nombre..."
Aujourd'hui, encore et toujours, dansant sur un volcan, nos "décideurs" semblent ne pas vouloir intégrer que nos ressources à nous NE sont PAS infinies.
Qu'elles nous sont naturellement et simplement transmises et que nous devons en prendre soin AVANT de sombrer dans la crise : nos ressources humaines (les vraies, pas celles des DRHs de mes tifs !), nos ressources alimentaires et en eau, nos ressources énergétiques.
A pratiquer ce déni, ils abandonnent -avec complaisance et en prélevant leur pourcentage- les clés de nos possibles à des individus peu recommandables, dont spéculateurs, braconniers, assassins... "Servez-vous, mes amis !"
Ceux que j'appelle "les chalutiers des grands fonds" qui raclent la Terre et les Hommes jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.
Aujourd'hui, les étudiants choisissent la finance plutôt que l'économie. Trader plutôt qu'entreprendre... Jouer sur les plus vils instincts du "marché" plutôt que réfléchir authentiquement sur des solutions et des mises en oeuvre dignes de l'époustouflante intelligence de toute vie.
Ces personnages ont beau jeu d'investir ensuite dans des fondations "humanitaires" ou "culturelles", de pratiquer de "bonnes oeuvres", nettes d'impôts, après avoir rendu la vie infernale à leurs prochains.
Après le paradis, la désillusion... Beard a prédit ce qui s'est produit peu de temps après. Et pourtant il refusait d'y croire. Ca ne peut pas être : "Everyone agreed it was too big to be destroyed."
L'Afrique est devenue une abomination. La plupart de ses villes grouillantes d'immenses taudis. Si dangereux que quasiment inhabitables.
> Le site de Peter Beard ICI.
> L'ensemble de ses travaux ICI.
> Sa galerie à New York, dans Broome Street : "Time is Always Now"
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