"Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime,
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement,
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement."
Charles Beaudelaire
Chat plein de mystères, dont je ne ferai jamais le tour. Soeur de chiens durant tant d'années, une chatte est venue dans ma vie, petites pattes ovales, légères comme un souffle. Sa beauté est étrange, parce que continuelle. Beaucoup d'animaux ont des gestes et des attitudes d'une beauté sans pareille, mais ils passent.
Sonja, elle, qu'elle dorme ou qu'elle veille, est toujours belle. Dans ses jeux les plus violents, dans ses occupations les plus vulgaires, elle met une harmonie et une grâce qui transfigurent le moindre de ses gestes.
Quelle âme secrète habite tes yeux qui sont un océan de mystères ? Yeux bleux cernés de vert, coquetterie légère dans les pupilles, ton âme me contemple avec une acuité singulière, une attirance étrange, une fixité bouleversante.
Un petit frisson me parcourt quand je t'aperçois inopinément où je ne t'attends pas, allure énigmatique, portée vers des activités dont j'ignore tout. Les légendes sont mortes, les contes sont loin, mais je vibre pourtant comme une enfant à ton approche et au jeu singulier de ta queue qui semble danser au-dessus de ton corps comme un être vivant à part entière.
J'aime ton odeur de chat, enfouissant mon nez dans ton col et goûtant à l'arôme salé de ton museau.
Bête familière et lointaine, que je caresse et pétris de mes mains, bête câline et sauvage, bête tendre et distante, me donneras-tu un jour les clefs de ton aventure prodigieuse ? Me permettras-tu de scruter les profondeurs de ton coeur pour y saisir la lumière qui l'éclaire ?
Prendre le temps de vivre avec un chat semble remettre l'immédiat en perspective, permettre de s'interroger avec une nouvelle exigence sur sa propre destinée humaine. Avec passion et persévérance. Avec une patience, que rien n'altère, et une audace inespérée.
Princesse du foyer, petite chose de pure beauté, tu parles à mon coeur enthousiaste et assoiffé d'amour.
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