Je suis allongée dans une méridienne en velours gris, au sommet d'un grand escalier de pierre, et regarde M6 à la télé.
Sur l'écran une très jeune femme, blonde, fraîche, en train de faire l'amour avec un jeune homme, un black divin au visage d'ange.
Ils ne sont pas seuls, toute la régie, les maquilleuses, sont autour de ce qui ressemble à un autel. Plus le public en arrière-plan.
Je comprends qu'il s'agit d'un concours d'amour.
Image suivante, la jeune blonde est interviewée dans la rue, on lui demande ce qu'elle pense du concours et du black.
Elle rougit de ses deux fossettes et répond qu'elle a adoré le rencontrer et lui faire l'amour.
De l'autre côté de l'avenue, quelqu'un d'autre tend un micro au black.
Il répond qu'il est homosexuel, que le corps des femmes l'indiffère mais qu'il n'a jamais rien ressenti de tel de toute sa vie au moment où il a tenu contre lui le corps de cette fille.
Le black est bouleversé.
La blonde l'apperçoit de loin, elle a l'air interrogatif. Elle veut savoir pourquoi le black est là et ce qu'il raconte.
Plus tard, elle est dans un café avec 2 copines qui ont vu l'émission. Elle leur demande ce qu'elle en pense et leur demande ce qu'à dit le black dans le micro-trottoir. Les copines disent.
La blonde est bouleversée.
Elle court au siège de M6. Il est tard.
Elle espère que le producteur
de l'émission est encore dans son bureau. Il est là.
Il veut bien lui
donner la cassette de l'émission, mais elle doit faire l'amour avec lui
d'abord. Car il la trouve si belle, si fraîche.
Elle veut bien, mais elle pense au black et à l'épouse du producteur qui sourit dans un cadre sur le bureau. Non, elle ne peut pas et s'en excuse.
Le mec n'insiste pas et lui donne la cassette gentiment en lui rappelant que le concours continue.
Gros plan sur la blonde et le black, ils sont habillés en blanc.
Une immense pelouse derrière eux. Grand soleil d'été. Blanc, vert, bleu.
Elle se met à courir, il la rattrape, ils sont beaux, athlétiques, légers, vivants.
Elle fait des pirouettes et des soleils, un immense foulard de soie mauve s'envole.
Lui fait des bonds de plus en plus haut. L'image à du mal à les suivre.
Au milieu de la pelouse, la statue d'un grand cheval cabré, en marbre opalescent.
La blonde et le black grimpent le long de la statue et s'enlacent tout en haut de la tête du cheval.
Elle lui chuchote, il lui chuchote au même moment, "tu n'as rien à me dire ?".
"Je t'aime", dit-il, "Je t'aime", dit-elle.
Image suivante, la blonde se retrouve sur le trottoir de cette même avenue. On la voit de loin. Elle est toujours aussi jolie et fraîche.
La caméra se rapproche. C'est une femme mature, d'une cinquantaine d'année, la peau froissée, les traits creusés. Elle sait qu'elle jette ses derniers feux.
Je me réveille, le rêve est encore tout frais dans ma tête, il ne fait pas si beau en ce samedi matin de Pâques, j'ai la nostalgie de cette immense pelouse étincelante de lumière que j'ai laissée sur mon oreiller...
Si cela amuse quelqu'un de raconter ses rêves ou ses cauchemars à son tour,
qu'il ou elle s'y jette,
c'est chouette.
Image tirée du chef d'oeuvre d'Akira Kurosawa "Dreams"
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