CAC40 5800 points - STOP - Packages de grands patrons français et européens en hausse pour certains de 400% en quatre ans, pour "s'aligner" sur les rémunérations américaines - STOP - Question à 500 patates : nos patrons sont-ils à la hauteur des patrons américains ? - STOP - Question à deux milliards : tout ce flouze, ils font quoi avec ? -STOP - Parachutes si dorés, attribués à la caste par la caste, que même l'église catholique s'en émeut à présent -STOP - Mais que fait la police ?
Et pendant ce temps, des hommes et de femmes debouts... "paroles de gueux" (extraits)
Maria (ouvrière usine Ecce*) "Vous parlez à une rescapée. On a déjà connu deux plans sociaux. En 2003, il y a eu 140 licenciements. 80 en 2006. Ca fait des années qu'on se bat. En 2003, on a occupé l'usine pendant trois semaines. On avait mis des matelas par terre. On allait se laver dans le cagibi. On était sales. Je suis restée quinze jours complets, ici, jour et nuit. Tout le monde venait nous emmener à boire et à manger..."
"J'ai 53 ans. Je n'ai même pas l'âge de partir en pré-retraite. Qu'est-ce que je fais ? Il y a quelqu'un qui me le dit ?"
"Il faut toujours se battre. Si on ne se bat pas, on n'a rien. On va négocier".
Marie-Hélène (ouvrière usine Ecce*) "On est payées au Smic. J'ai trente-trois ans d'ancienneté comme la plupart des gens de l'usine. On a fait toute notre vie dans l'usine. On y a passé plus de temps que chez nous. On a fait la fortune de Bidermann dans les années 70. Puis, celle de Delvaux qui a repris l'usine en 90. Et qu'est-ce qu'on nous dit ? Qu'on est trop chères par rapport aux pays de l'Est. On a un savoir-faire. Et notre savoir-faire va disparaître. Là, on est ensemble. Mais quand on va se retrouver à la porte, on va se retrouver seule. Je ne dors pas parce qu'on va se retrouver sur le carreau".
"On est fières de ce qu'on fait. On regarde les costumes. On se dit, c'est du beau travail. Regardez l'intérieur de cette veste, la doublure, les petits détails. Tout ce travail qui est caché, qu'on ne voit pas. C'est nickel. Tout est contrôlé".
"On nous a mises en concurrence avec les Pays de l'Est. Mais on nous paye au Smic. On ne peut pas nous payer moins cher".
Annie (ouvrière usine Ecce*) : "On en a une qui est partie chez Toyota, dans le Valenciennois... Marie, elle, a fait une formation pour devenir chauffeur d'autobus et puis ensuite une autre pour conduire les tramways. C'était toutes des femmes divorcées avec des enfants qui ne pouvaient pas rester sans travailler".
Jean-Pierre (usine PSA Aulnay-sous-Bois**) : "On a construit un truc unique, six semaines de grève dans une boite privée pour des salaires, c'est du jamais vu depuis près de vingt ans".
"On est 7 millions de pauvres et on nous parle de travailler plus pour gagner plus alors qu'on se tue à la chaîne ?"
"On nous prend pour des nantis ? mais putain, y'a des types qui dorment dans leur caisse ! On croule sous l'endettement"
"On est une minorité visible (400) qui parle pour une majorité de mecs avec nous (5000), dans l'usine et ailleurs, mais qui n'osent pas..."
Luc (usine PSA Aulnay-sous-Bois**) : "La présidentielle aujourd'hui, c'est demander à des travailleurs de défendre des candidats, pas demander à des candidats de défendre les travailleurs".
Tarek (usine PSA Aulnay-sous-Bois**) : "Quand tu demandes une aide au logement, on te dit que tu ne gagnes pas assez... Ah ça, c'est facile de taper sur les immigrés ou les jeunes issus de l'immigration ! Facile de présenter PSA comme un modèle d'intégration alors que la discrimination, même ici, joue à fond...".
Un ancien (usine PSA Aulnay-sous-Bois**) : "On est des petits gars visibles un jour grâce à des candidats".
*Usine Ecce, à Poix-du-Nord : dernière usine en France fabricant des costumes haut de gamme pour Kenzo et Givenchy. L'employeur, Lucien Delvaux, a annoncé la fermeture pour 2007. C'est l'exemple d'une délocalisation catastrophique, vers les Pays de l'Est, une de plus dans cette région où il n'y a pas de travail. Un costume Kenzo "sort" à 110 Euros de l'usine de Poix-du-Nord contre 25 Euros dans les Pays de l'Est. Sur les portants des magasins, l'étiquette est néanmoins en pleine croissance, "hier un demi-Smic, aujourd'hui un Smic" selon un styliste anonyme...
> Au total, les délocalisations en cascade (dont Aubade, Well, Arena...) "coûtent" à la France près de 8 000 emplois perdus par an. Les ouvriers sont 50% des effectifs, ce sont les plus exposés.
> Les distributeurs ont opéré un détournement des quotas sur les produits en provenance de Chine en s'approvisionnant dans d'autres pays d'Asie (Source Le Monde, 9 nov 2006).
> Dans les 5 années à venir, jusqu'à 50 000 salariés vont perdre leur emploi. "Ils devront changer de métier et renforcer leur compétences... pour rebondir après un licenciement".
> Grands gagnants : les organismes de replacement et de formation qui vont récolter 100 millions d'Euros. (Source Le Monde 19 avril 2007)
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**Usine PSA, Aulnay-sous-Bois : revendications des grévistes, à 90 % des immigrés ou fils d'immigrés : un salaire moyen de base réévalué à 1 500 Euros net, donc 300 Euros d'augmentation, la pré-retraire à 55 ans et l'embauche des intérimaires (certains sont en intérim au sein de PSA depuis 7 ou 8 ans).
Certes, les résultats de PSA s'effondrent en 2006 (Source L'Expansion.com 07/02/2007)...
Le nouveau PDG de Peugeot Citroën, Christian Streiff, ancien PDG d'EADS, a étrenné ses nouveaux galons en publiant des résultats très médiocres pour l'année 2006 : les profits ont fondu de plus de 80% à 176 millions d'euros, contre plus d'un milliard l'année précédente. Le résultat opérationnel dégringole de plus de 40% à 1,11 milliard alors qu'il frôlait les 2 milliards en 2005...
Christian Streiff, éphémère PDG d'EADS en 2006 (3 mois !) et nouveau PDG de PSA ? Qui est cet homme >
Dès son arrivée en février 2007, Christian Streiff a pointé du doigt les lourdeurs du système PSA et le besoin de simplification pour multiplier les lancements de nouveaux produits.
Il a aussi affirmé assez paradoxalement que des efforts sur la qualité des produits devront être faits en même temps qu'une réduction des coûts de production trop élevés.
Bref, il fait son "Ghosn" !
"La qualité, c'est pour moi le chantier de la décennie. La direction qui s'installe va avoir l'obsession de la productivité et du résultat à tous les échelons, il faut réduire drastiquement les coûts et les délais des nouveaux lancements".
Même homme, même discours : chez EADS, il proposait un plan de restructuration drastique pour Airbus, qui avait été approuvé par Louis Gallois, lire ICI
Conclusion (car de morale, il n'y en a pas) :
Hommes et Femmes debouts, grâce à votre souffrance et vos ressources, ces secteurs et ces groupes vont finir par aller mieux, dégageant de nouveau marges, profits et dividendes généreux.
Vous ne serez pas à la table des convives et on continuera à vous tenir des discours de modération et de rentabilité..
Mais consolez-vous, vous aurez quand même droit aux bons voeux de votre président, en fin d'année, si émouvants qu'il tireraient des larmes à une pierre...
Fiers de votre entreprise soyez, et allez en paix !
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