alors il serait préférable d'expérimenter sur les animaux, avant de mettre la technique en application sur les hommes...
Une discussion à bâtons rompus, mais sans cocards, avec mon amie Cécila qui s'était déjà exprimée ici. Et nous voilà reparties dans l'air du temps et les perversions et distorsions de certaines entreprises, observées in vivo, ou plutôt "in bocaléo" par la belle.
Son humour à l'épreuve des balles et des grasses boulettes de ses supérieurs lui ont fait comparer les techniques de management en vogue à "la technique du bocal" ou bien "de la boîte noire".
Mais elle préfère le terme de "bocal", car il lui semble plus amusant.
D'un autre côté, le terme "boîte noire" fait référence à l'ingénierie...
Ce qui souligne le fait que les techniques de management modernes sont mises au point en suivant une démarche scientifique. D'où le titre du présent billet...
Bon, bref, venons-en aux faits :
La technique du bocal... Ou le "non-management"
Son principe est simple et éprouvé :
- Vous placez des "brutes", c'est-à-dire des salariés, dans un bocal
- Vous définissez rigoureusement les contours du bocal
- Et vous laissez ce petit monde s'auto-organiser
Dans le bocal, les gens ont des idées... plein d'idées !
Mais, seules certaines idées peuvent passer au travers des parois du bocal, les autres sont ignorées. Seules les idées politiquement correctes sont autorisées à sortir.
Les autres idées vont disparaître par un mystérieux phénomène d'auto-modération à l'oeuvre à l'intérieur du bocal.
Nous verrons plus loin quels sont les principes à l'origine de ce mystérieux phénomène...
On vous dit "Soyez force de proposition !".
Mais on ne vous dit pas que seules les propositions "politiquement correctes" seront acceptées.
On vous dit "Prenez des responsabilités, impliquez-vous !". Mais on ne vous donne aucune légitimité pour pouvoir passer aux actes.
On vous dit "L'important est la qualité de votre travail !".
Mais en vérité, l'important est que vous fassiez ce que l'on veut de vous.
De temps en temps, un individu aimerait bien sortir du bocal...
Alors il s'adresse au "dieu du bocal", son manager.
Dieu est bien emmerdé... Mais il a une parade : dieu explique que la solution pour sortir du bocal se trouve dans le bocal !
On vous dit "Regarde, il y a une opportunité dans le bocal. Montre-nous que tu es capable de la saisir !".
Et la pauvre brute retourne dans le bocal !
On vous dit "Tu n'es pas prêt pour sortir du bocal ! Tu ne survivrais pas !".
Si la brute manque de confiance en elle ou si elle croit dans le dieu du bocal, alors elle décide de rester bien tranquille dans le bocal.
Au début, à l'intérieur du bocal, on observe une forte agitation.
Les idées fusent, les gens se bagarrent pour se faire remarquer, dans l'espoir qu'ils vont sortir du bocal. Dieu, en observant ce qui se passe dans le bocal, rigole !
Il sait que toute cette agitation ne sert à rien.
Et dieu a raison... au bout d'un moment, l'effervescence à l'intérieur du bocal se calme.
Mais comment est-ce possible ?
Etudions de plus près le "tropisme du bocal" : la reconnaissance sociale.
Bon, le but de tous les habitants du bocal est de sortir du bocal.
Tous ne cherchent qu'une seule chose : se faire remarquer. Il suffit d'imaginer des petits chiens dans une cage, dans une animalerie. Ils espèrent tous que vous allez les adopter, car ils veulent sortir de la cage. Alors ils font tout pour se faire remarquer, en bien !
Examinons la chaîne alimentaire à l'intérieur du bocal :
L'aliment de base est l'information.
Les habitants du bocal, les "bocaliens", se nourrissent d'information. Plus vous possédez d'information, plus vous êtes prospère.
Certains "bocaliens" occupent des places de choix à l'intérieur du bocal.
Ils sont en "coupure de tout". Ils font payer un droit de passage, une sorte de taxe...
En échange du libre passage, ils vous demandent de l'information ou de la reconnaissance sociale.
C'est ainsi que s'installe spontanément une organisation au sein du bocal.
Les personnes qui possèdent un pouvoir de blocage finissent par concentrer les ressources du bocal. Ils acquièrent de la force, et deviennent plus forts....
Ils se transforment en "super grosses brutes du bocal".
Et, de fait, dirigent le bocal.
Ces grosses brutes y trouvent leur compte.
Les "supers grosses brutes" dictent leur loi. Elles modèrent les idées...
Le mystérieux phénomène "d'auto-modération spontanée", que l'on observe dans le bocal est expliqué.
La position des brutes dans l'organisation fonctionnelle du bocal détermine leur situation par rapport à la chaîne alimentaire.
Et certaines brutes prospèrent. Elles finissent par dicter leur loi. Et calmer toutes velléités d'effervescence à l'intérieur du bocal.
En conclusion : il n'y en a pas car l'affaire continue et zébulonne régulièrement dans les média, à la façon des marroniers qui fleurissent en toutes saisons...
Un peu de lecture pendant ces vacances de février pour devenir un bon manager ? >>> Téléchargement EnjeuxFevrier2007.pdf
Iconographie : Getty Images, que je remercie chaque jour un peu plus !
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