Au hasard de mes rencontres, discussions et lectures, j'ai identifié une nouvelle catégorie d'individus : les hommes et les femmes invisibles !
Je n'évoque pas ici les projections futuristes inspirées par la science fiction des années 50. Mais un mal rampant, tel un virus, touchant de plus en plus de personnes, quel que soit leur âge, à l'insu de leur plein gré.
Un beau matin kafkaïen, on se réveille en réalisant qu'on est devenu invisible...
Les invisibles sont déjà ou seront bientôt en marge de la société française actuelle, pas intégrés (*) et peu en passe de le devenir.
Premier volet : les jeunes invisibles avec la problématique, par exemple, de leur intégration sur le marché du travail.
Sur le blog d'Oxynéo, j'ai relevé un questionnement, des commentaires, des témoignages vécus.
Je pourrrais citer d'autres sources.
En gros, elles posent tous les mêmes questions, soulignent la même détresse et si les diagnostics abondent, pas foule de remèdes en vue...
Mais, j'ai peut-être une piste...
Les entreprises se plaignent généralement de la formation inadéquate et du manque d'opérationnalité immédiate des jeunes débutants, à qui elles ne laissent, par ailleurs, aucune chance de débuter.
Les jeunes se plaignent, eux, du manque d'opportunités puis d'accompagnement une fois à l'intérieur de la forteresse-entreprise.
La faute, en grande partie, à un système d'éducation totalement obsolète, dégradé, et disons-le inutile.
A part apprendre vaguement à s'exprimer, écrire, lire et compter, aucune préparation à un quelconque choix de métier par manque d'information et de projection sur l'avenir, un enseignement des langues étrangères lamentable. Et la culture générale, l'histoire, la géo, la philosophie, afin d'avoir des armes et un semblant d'esprit critique à la sortie... ?
Il convient de tout mettre à plat et revaloriser l'éducation et le métier d'enseignant, de la crêche à la faculté. Pour redonner à l'école son rôle d'ascenceur social alors qu'elle est devenue une usine à discrimination, d'un côté, un tremplin à cooptation de l'autre.
Pour ce faire, essuyons nos verres de lunettes et employons les grands moyens (et aux chiottes le leitmotiv bien français : on n'a pas les moyens de faire....)
Les grands moyens financiers afin :
- d'ériger plus de lieux d'enseignements,
- de les équiper et de les tenir en ordre parfaitement,
- de former et attirer à la profession d'enseignants des gens dévoués certes, mais brillamment formés, respectés de fait, et disposés à transmettre des savoirs de qualité auprès de toutes les catégories et de toutes les origines d'élèves.
Or, de l'argent, du "cash", il n'y en a jamais autant eu en circulation que de nos jours : j'ai attrapé le tournis l'autre soir en découvrant aux infos du 20 heures les billions de bénéfices générés en 2006 par les grands fonds financiers, investis dans le coté et le non-coté.
Rêvons un peu... et imaginons de suggérer aux entreprises et aux fonds d'investir une partie non négligeable de leurs liquidités dans l'éducation, sous l'égide d'un comité de sages, responsable de la distribution et de l'utilisation équitable de ces fonds.
Allons encore plus loin et imaginons un système non pas hexagonal, mais européen puis mondial ?
En retour, les entreprises bénéficieront d'un afflux de main-d'oeuvre de qualité, de consommateurs acquis à leur cause et disposant d'un pouvoir d'achat notablement accru et récurrent, sans compter la paix sociale, élement que les financiers apprécient par-dessus tout ;)
Elles auront également le plaisir d'avoir mis efficacement en pratique cette fameuse notion d'altruisme intéressé, qui n'est rien d'autre que du "win-win" dans le jargon en vogue.
Les fondations, les musées, les bonnes oeuvres culturelles, c'est bien et intéressant au plan fiscal. Mais l'avenir et le mieux-être des générations futures, ça vaut bien un musée non ?
J'ai bien tapé sur l'éducation, mais elle n'est pas seule en cause !
Le système d'intégration des jeunes entrants dans l'entreprise s'est profondément modifié : hier, on entrait avec un contrat en poche, encadrés par des seniors de 10 à 20 ans parfois plus âgés, qui nous apprenaient le "métier".
Non seulement le côté technique d'un métier, ça, ça s'apprend vite. Mais comment se conduire dans le monde du travail, vis-à-vis de ses collègues, de ses clients, de ses fournisseurs, d'un dossier délicat exigeant du doigté, d'une situation complexe.
On était opérationnel très rapidement sous la houlette de nos "chefs", tout en prenant plus de temps pour monter les échelons, d'où une plus grande confiance et une légitimité accrue.
Aujourd'hui, j'observe un phénomène peu vertueux : les jeunes entrants stagiaires ou contractuels sont encadrés le plus souvent par des "managers" ayant un à deux ans de plus qu'eux, ne sachant rien ou presque, mais croyant savoir, ce qui est pire encore.
Trouille, arrogance et morgue au programme, tout en un. Inutile de souligner les erreurs considérables et le malaise général que ces situations engendrent...
J'ai commenté ce type de situation sur Oxynéo et vous invite à en prendre connaissance.
L'autre soir, dans un pince-fesses, j'ai rencontré un jeune mec.
25 ans bien mouillé, il avait déjà tout compris à la vie : lui exposant ce problème de manque d'encadrement senior et sollicitant son avis (le loustic sévit dans la chasse de têtes !), il m'a ri au nez en me déclarant que les seniors sont bons à mettre à la casse car ils n'ont pas su ni voulu "prendre le virage technologique"...
(pour info, on est senior à partir de 40 ans :)
Une remise en perspective s'impose : redevenons un pays d'innovation et de lumière en redonnant toute leur place aux seniors, les motivant par des formations adéquates, des projets d'envergure et surtout l'opportunité de transmettre leur savoir au plan humain et stratégique.
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A suivre : les invisibles dans l'entreprise, les femmes invisibles, les discriminés invisibles, les invisibles et le logement, la classe moyenne invisible... si vous en connaissez d'autres, présentez-les moi !
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(*) Intégré, pour moi, est celui ou celle qui participe à la vie de la société par ses actes productifs, et en obtient reconnaissance en retour.
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