Gros temps aujourd'hui sur la planète !
L'actualité m'incite à poser les yeux sur notre dernier avis d'imposition...
Je vous fais grâce des calculs de "taux" et de "tranche d'imposition", auxquels s'ajoutent les "prélèvements libératoires" sur les produits de notre épargne... C'est déjà suffisamment vertigineux pour nous d'arriver à de tels niveaux avec nos revenus actuels...
Mais mon propos, ici, n'est pas de gémir ou de remettre en cause notre participation à l'effort national.
C'est ci-après que le bât de la mule blesse >>>
Lundi, dans mon quotidien favori, je lis que Mister Thierry Breton, ou plutôt n'importe quel zigomatique à sa place en 2009, nous fera grâce de tout impôt sur nos revenus de l'année 2008 !
Je me frotte les yeux car ça, c'est hénaurme... "les contribuables acquitteront en 2008 l'impôt sur leur revenus 2007 et dès janvier 2009, celui sur leurs revenus de l'année en cours". Oups, on saute une année ?
Mais ce qui me fait bondir, avant de m'enfoncer plus loin dans la lecture de ce petit miracle, c'est le truc ci-après, mon oeil ayant été irrémédiablement attiré par le nom de Johnny et la mention de sa glissade dans le chocolat :
"Avec un impôt sur le revenu dont le nombre de tranches a été réduit de sept à quatre et dont le taux maximal est redescendu à 40%, nous sommes revenus dans la moyenne européenne. L'objectif de la réforme était de redonner du pouvoir d'achat aux classes moyennes et d'enrayer l'exil fiscal. Le bouclier fiscal rend la France compétitive".
Première question très c.. : si je comprends bien et que quelqu'un ici m'arrête si me je fourvoie, mon petit ménage ne se situe qu'à 10% de différence d'imposition d'avec les plus hauts revenus de ce pays ? Youpi, serions-nous "riches" sans le savoir ? :)
Deuxième question très c.. : "Classes Moyennes levez-vous !" et dites-moi si vous avez constaté la moindre baisse de votre imposition, à revenus constants, depuis deux ans ?
Troisième question très c.. : le "bouclier fiscal", hum, késako ?
Troisième question très c.. / bis : cet alien rendrait la France compétitive, ah ça alors ?
Je continue dans ma lecture, et l'appeau Breton me fend le coeur : "Nous avons baissé et réformé l'impôt à la fois pour les contribuables les plus modestes et ceux pour qui l'impôt devenait confiscatoire.... A ceux tentés de quitter la France, je dis : attendez le 1er janvier 2007, vous allez voir les effets de la réforme fiscale ! L'article 1er du Code Général des Impôts indique désormais que personne ne pourra payer plus de 60% de ses revenus en impôts directs (impôts sur le revenu, sur la fortune, locaux)."
Suivez mon regard, car il faut bien que quelqu'un paie dans l'état actuel du système. Pour les plus modestes, bon sang, je ne peux qu'approuver qu'ils soient aux abonnés absents en l'espèce ! Nous ne sommes pas chez les sauvages... ou pas encore...
Mais alors les hauts revenus, niet, nada, pas d'accord pour compenser pour eux !
Donc, je fais pronto les calculs, car entre notre IR et nos impôts locaux, nous atteignons déjà, en proportion, la moitié des impôts qui seront acquittés par un Mulliez ou un Arnault.... (sur leurs revenus personnels : IR + locaux PLUS leur ISF !). Cherchez l'erreur...
Tiens, parlant d'ISF, arrêtons immédiatement le délire et supprimons l'éxonération sur les oeuvres d'art au profit de celle sur la résidence principale. Un peu de sérieux, Messieurs des impôts !
Bon, revenons à notre article... on imagine bien qu'en 2008, des petits malins vont amasser des fortunes sur lesquels ils ne devront jamais s'acquitter de quoi que ce soit. Du blanchiment de revenus dûment béni par l'état ? Et notre ami Breton d'entonner : "Il faudra évidemment regarder comment l'éviter.... en tout cas, ce sera sans doute une bonne année pour la consommation, car les français disposeront d'une année de non-imposition".
Tu l'as dit, bouffi !
Comprenons-nous bien : perso, je suis contre l'augmentation des impôts pour quiconque : pauvres, pauvres c... comme nous, aisés, riches et encore plus riches.
Considérant que nous payons déjà des fortunes directement et indirectement, pour des services publics (éducation, santé, transports, équipements divers, etc...) dont les coûts ne cessent de monter (impôts, côtisations, droits, taxes sur les énergies...), alors que le moins que l'on puisse dire c'est que le service rendu, lui, est plutôt sur la pente descendante...
Je suis même pour la suppression de l'impôt sur le revenu à terme, imaginant qu'il y a sans doute d'autres pistes à explorer, voir dans mon premier volet des "Invisibles". En joignant l'utile (les financements) à l'agréable (une bonne "communication durable") pour les grandes entreprises.
Ces lapins magiques pré-électoraux prennent déjà, par la grâce des effets d'annonces, des allures de tremblements de terre qui ne résolvent rien à ce dont souffre notre pays : l'appel du gouffre dans lequel des sommes extravagantes sont englouties à fonds perdus, sans contrôle objectif, chaque année.
Un seul exemple : combien coûte à votre avis, au jour le jour, la tentative de rapprochement GDF/Suez, ses marches et contremarches, sans compter son coût social et économique à terme ?
Présenter la facture pour faire un peu de ciment quand la maison craquelle, c'est pour le moins de la mauvaise maçonnerie, et quelle que soit la technique employée.
Car si la retenue à la source, consistant à ajuster en temps réel l'imposition à l'évolution des revenus, est saine (et largement pratiquée dans les pays de l'OCDE), cela ne résoud en rien le problème du niveau et du manque d'équité de l'imposition.
En outre, prélever à la source, dans notre beau pays, c'est se heurter à la complexité du système fiscal français, entre les tranches, les taux, le quotient familial et les niches fiscales.
Sans compter la confidentialité des données personnelles qui devront être communiquées aux employeurs, notamment concernant les autres revenus de la personne et de son conjoint, afin que ces entreprises puissent appliquer et collecter l'impôt.
La solution imaginée par Bercy consisterait à ne transmettre à l'employeur qu'un taux d'imposition, celui du foyer fiscal, ce qui conduira à d'importantes régularisations de fin d'année par le fisc => retenue à la source ou acompte à la source ? Bigre !
Enfin, reste à savoir, comment les contribuables réagiront psychologiquement à une diminution brutale de leur salaire net sur leur fiche de paie en 2009 ?
Dernière heure : avec Madame Royal, les impôts et prélèvements ont prévu d'augmenter notoirement ("levier essentiel de son programme économique"), et avec Monsieur Sarkozy, également, quoi qu'il veuille bien en dire.... qui dit moins ?
Conclusion très c.. : on nous prend pour des grelots ?
Merci à Chez Tom Com pour le petit cartoon et à Arts d'Armes pour ses boucliers ;)
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