Aujourd'hui, sort "Mémoires de nos pères", réalisé par Clint Eastwood sur la bataille d'Iwo Jima. Beaucoup a déjà été dit et écrit en avant-première. A vous de forger votre propre opinion. Pour l'histoire, l'Ile d'Iwo Jima constituait un enjeu stratégique majeur, ultime accès ou rempart avant le Japon.
En parallèle, Clint Eastwood a recréé la bataille d'Iwo Jima version japonaise : "Lettres d'Iwo Jima", qui sortira en France le 21 février 2007.
Démarche unique et louable que celle d'un grand cinéaste nous livrant les deux visions d'une même bataille, celle des vainqueurs et celle, évidemment oubliée, des vaincus... Intéressant de noter qu'il faut que ce soit un étranger qui se penche sur ce moment de l'histoire du Japon. Précisons que si "Mémoires de nos pères" s'appuie sur une relation rigoureuse de l'affrontement, "Lettres d'Iwo Jima" est beaucoup plus une oeuvre de fiction, basée sur les lettres envoyées à Tokyo par le Général Tadamichi Kuribayashi (interprété par Ken Watanabe) qui a combattu les troupes américaines pendant 40 jours.
La stratégie de ce général de 53 ans était de permettre aux troupes américaines de débarquer sur Iwo Jima et s'enfoncer sur le terrain afin que les japonais puissent les "tirer" depuis des grottes creusées face au rivage. Kuribayashi a très vite compris qu'il ne pouvait compter que sur ses forces terrestres, la marine japonaise étant totalement dévastée à ce stade du conflit. Avec pour mot d'ordre de "résister jusqu'au bout et que chaque homme tue au moins 10 soldats ennemis".
La bataille est rude et Kubayashi réalisant que la défaite est proche, se prépare à une mort inévitable en écrivant à son épouse Yoshie : "Tu as été une épouse et une mère admirable. Ta vie sera désormais difficile et précaire. Prends soin de toi. L'avenir de nos enfants ne sera pas facile, s'il-te-plait prend bien soin d'eux après ma mort". Son corps ne fut jamais retrouvé...
L'île fut prise le 15 mars, mais les Marines durent encore affronter des poches de résistance japonaises. Les bombardiers avaient maintenant un poste avancé d'où décoller vers le Japon.
Outre le choc des armes, cette bataille a été exemplaire d'un choc de culture : les officiers japonais, imprégnés par la ferveur quasi-religieuse du Code Bushido -le vrai courage consiste à vivre quand il est juste de vivre et de mourir quand il est juste de mourir- voyaient la reddition comme un déshonneur dont l'issue ne pouvait être que la mort.
Ce n’était pas la même chose côté américain, comme l'explique Clint Eastwood : "Ils savaient qu’ils allaient souffrir mais nous ne pouvez pas dire d’un Américain qu’il est prêt à mourir. Il travaillera dur pour que le travail soit fait, il travaillera également dur pour rester vivant et pour protéger ses compagnons d’armes.... Les Américains ont combattu pour leur pays mais ils sont morts pour leurs amis, pour l’homme devant eux et l’homme à côté d’eux".
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