Inès et moi faisons cour commune. Cette fameuse cour d'Arcueil où cohabitent tant d'étranges créatures, habitées par la musique, les arts plastiques, la natation et les chamailleries récurrentes au sujet des "tour de poubelles"... Sans oublier des nuées de chats !
Inès est plasticienne. Peintre, sculptrice, créatrice de costumes et d'objets singuliers, tous habités d'histoires, de contes, de mots. Inès adore les mots.
La première fois que je l'ai vue, au début de nos travaux l'été dernier, elle se tenait au portail, bien droite comme une princesse asiate, une gamine accrochée dans le dos.
"Bonjour, je suis Inès" en me tendant la main.
La princesse asiate s'est doublée, à ces quelques mots, d'une comtesse espagnole façon haute époque.
Je me suis pensée "une aristo grande classe" en m'imaginant illico dans la peau d'un toutou bondissant dont elle flatterait l'échine tout en lui jetant un biscuit.
C'est l'effet que les vrais sangs bleus ont habituellement sur moi. Wouaf ! Wouaf !
Inès était déjà dans la cour depuis un moment, se débattant de ses longs bras graciles habillés de manches extravagantes dans d'impossibles travaux.
De temps en temps, un grand noir de Zanzibar, prince là-bas et bricoleur du dimanche ici, apparaissait à son balcon dans un nuage de plâtre.
De temps en temps aussi, j'allais me réfugier chez elle, "boire un thé", lorsque le vacarme des marteaux piqueurs et des coups de pelles, entrecoupé de chants moldaves hurlés par le ghetto blaster de ma propre équipe, devenait par trop insensé.
Nous constations toutes deux à quel point son chantier semblait régresser étonnamment. Comme un portrait de Dorian Gray à rebours. Au gré de la Corne de l'Afrique qui allait et venait d'un air menaçant, un tournevis à la main...
Aujourd'hui, tout semble être approximativement rentré dans l'ordre. Inès s'en amuse. Elle a le plus chouette appart' du coin, un mélange de vieille maison marseillaise et d'hôtel particulier penché au bord du Singel, à Amsterdam.
Inès se rend régulièrement en Espagne et y découvre des Christs fracassés sur le sol d'anciennes chapelles, qu'elle peint comme autant de corps torturés d'érotisme puis abandonnés suite à une mort violente.
Ses coups de pinceaux sont nerveux et sans complaisance. Mais leur sinuosité est immanquablement la marque d'une femme.
Elle m'a offert une superbe toile issue d'un séjour au Maroc où l'on devine des femmes envoilées et des couleurs, comme autant de vigies tournées vers les confins de mon imagination.
Aujourd'hui, elle prépare une exposition. Des femmes bijoux, des morceaux d'art à porter sur sa peau. Des émotions qui ne demandent qu'à voyager. Elle a ramené d'incroyables galets d'un dimanche au Havre. Des boulets de pollution dit-elle. Vieilles briques et fer rouillé roulés par la mer. Les plus belles pierres qu'il m'a été donné de voir depuis longtemps.
Inès ouvre sa porte, les 17, 18 et 19 mai, de l'après-midi jusqu'à la nuit. N'hésitez pas à passer !
Voici son e mail : Inès. Quant à son adresse, c'est simple, c'est la même que la mienne ! :)
dernière minute : il y aura même des oeuvres à partir de quelques Euros.... me glisse-t'elle.... !
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