Parmi les enfants des hommes, peu sont vraiment laids.
Parmi les adultes devenus, peu sont vraiment beaux.
Hormones assassines qui à l'adolescence torturent le corps envers et contre son harmonie première.
Transforment la peau veloutée de l'abricot en membrane blème et suifeuse, où éruptionnent boutons, rougeurs, poils et comédons.
Signent chaque repli de peau de l'odeur âcre de la sueur.
Tendent à mourir les cordes vocales des mâles et nouent au supplice les entrailles des femelles poignardées par le premier sang mensuel.
Femelles affolées aux abdomens durcis par la poussée des glandes mammaires, inégales et dures comme la pierre.
Mâles scrutant anxieusement l'apparition d'un sombre velours sur leurs lèvres, présage de l'âpreté de la compétition à venir.
Hormones assassines qui peuplent l'esprit de pensées confuses et toujours pessimistes.
Qui jettent le doute dans le coeur, m'aime-t'on encore, m'aimera-t'on un jour, comment pourrait-on m'aimer puisque je ne m'aime plus.
Qui donnent la réponse à une question qui n'avait jamais été posée, celle de la fin du temps et de la mortalité.
Celle de l'éphémère. Celle du paradis à jamais perdu.
Hormones assassines qui rétrécissent les yeux de larmes intarissables à jamais.
Qui éloignent l'ange agonisant de ses géniteurs.
Découvrant leur trahison de lui avoir légué une nature qui dépouille les veines du sang de l'innocence et de la lumière.
Qui le chassent des bras du rêve et le jettent transi dans l'anti-chambre de la survie.
L'ange mourant devient démon contrefait et découvre qu'il n'aura pas assez d'une seule vie pour s'en remettre.
Quelquefois il choisi d'en couper le fils de l'indicible douleur.
D'autres fois, l'instinct de vie poussant sa corne en lui, l'ange défait adopte cette guenille et la gonfle de vanité pour mieux en conjurer la laideur et les limites.
Hormones assassines qui ont pour seule raison, en lot de consolation, la survie de la race.
Dans la douleur des femelles et le doute des mâles.
Malédiction ou nature singulière de l'espèce humaine
qui n'affectent pas ses voisines créatures.
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