Vous me regardez fixement de votre pupille rectangulaire, comme si vous m'invitiez à répondre à votre attente.
Je rapproche mon visage de vos narines et y souffle doucement tout en laissant ma joue se laisser effleurer par votre museau soyeux.
Votre haleine exalte le foin coupé et les herbes du plateau que nous avons traversé.
J'enfouis mon nez dans le creux de vos oreilles laineuses pour sentir au plus près l'acre odeur qui est la vôtre.
Votre crinière chante le bruit du vent, elle sent la terre et la pluie et le sel.
Votre garrot invite ma main à s'y poser et sentir la puissance de votre encolure. Votre force et votre folie.
Mille vagues brisent votre dos et courent le long de vos veines saillantes.
Je me détourne et regarde au loin, vers les montagnes. Je m'éloigne un peu de vous.
Vous me suivez et d'un élan bref, reniflez dans mon cou.
Contenté de ce que vous y trouvez ?... vous vous éloignez à votre tour d'un lourd balancement de la tête.
Bruit de feuilles froissées dans le silence de vos pas.
Vous m'avez laissée monter sur votre dos, je vous ai laissé prendre soin de ma vie.
Ou décidé de la malmener. J'ai pris le risque. Vous aussi.
J'aurais envie de vous garder auprès de moi, de me perdre dans votre chaleur, de vous protéger de la souffrance et de la peur.
Des autres hommes, de leur volonté suprême, de leur bon-vouloir.
Mais comment pourrais-je vous enchaîner ainsi, moi qui refuse de m'enchaîner moi-même à l'angoisse de mes propres limites et de ma mort annoncée ?
Un jour, au Nord du Nord, j'étais noyée dans la contemplation du ciel, du soleil, de l'air marine.
Très loin hors de ma peau, je pensais à ce que pourrait être un dieu s'il méritait ce nom...
Me sentant observée, au milieu de nulle part, je me suis retournée.
Vous étiez là, silencieux et campé, à l'écoute de mes pensées et de mon souffle.
Je me suis approchée.
Dans votre oeil d'or, j'ai découvert une force, immense et bienveillante, palpitant depuis cette étrange pupille qui est la vôtre.
J'ai cru, en cet instant, que Dieu pourrait bien être réel si chaque être humain pouvait ainsi vous rencontrer.
Je ne vous possède pas, mais vous me hantez à jamais...
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