3ème partie, suite et pas fin, de Sophie et la dot.com. Pour rappel : intro ICI et part 2 ICI.
Je vous propose à présent un petit jeu d'imagination et d'écriture : une grosse semaine pour me soumettre, adresse mail perso ICI, la suite temporaire de l'histoire de notre héroïne, de la dot com et de nouveaux personnages... 10 mots ou 100 lignes, un dessin, un gribouillis, un flash back (imaginez ce qui a pu se passer avant, ce qui va arriver ensuite), bref tout ce qui vous traverse la tête... dernière heure : vous pouvez même changer des trucs dans l'histoire déjà écrite !
Mais d'abord, la suite...
...Encore un collègue qui l’a gentiment laissée bosser jour et nuit pour qu’il puisse s’engraisser de stock options et qui l’a gentiment laissée tomber dès qu’elle a refusé de continuer à trimer sans retour sur investissement pour des pseudo patrons à l’œil plus souvent rivé sur les courbes aguicheuses des sites boursiers que sur la réalité de leur petite entreprise.
Pitoyable garçon, petit couteau dans le scénario de la dot.com. Il se croyait fortiche. Il est parti lui aussi, peu après Sophie...
Elle le croise parfois le soir sur le quai à La Défense, prenant le même train vers la même banlieue. Il met un point d'honneur à lui faire la bise tout en suggérant par son attitude qu'il est préférable de ne pas se mélanger dans le même compartiment...
A la dot.com, c'était un grand pêché que ne pas avoir un papelard intitulé « diplôme d’ingénieur».
Plus grand pêché encore d’être une femme, fine mouche en prime, reniflant illico le détail qui tue chez Big Boss, ce dernier s'en rendant compte. Evidemment.
Ongles en deuil toute la semaine et pas uniquement le lundi après un week-end dans la gadoue. Mais où laisse-t'il donc trainer ses doigts ?
Et ces cheveux, courts et pointus, tout dressés sur sa tête comme deux oreilles de doberman ?
Les épaules serrées dans ses fringues ardissonnées, et sursautant chaque fois qu'elle le frôlait dans le couloir étroit.
L’absence totale de capacité à socialiser ou plus simplement, d’avoir la moindre conversation animée. Sophie se souvient avec malaise de quelques déjeuners avec Big Boss où ses yeux ont bien failli tomber, plouf, dans la sauce...
Notre Big Boss, autiste en tête à tête, se révèle pourtant, entouré de foule, micro à la main et explose la scène.
Chanteur de charme à la cour des lascars d’Euronext. Passé premier couteau dans l’art d’accommoder sa petite entreprise pour capter le fric des autres, investisseurs, zinzins, petits épargnants et salariés actionnaires.
Ces derniers trop prompts à engloutir les sous dédiés aux études de "leurs enfants à naître" sur un bien hasardeux cheval : la dot.com, code ISIN "FR000 et poussière d'étoiles".
Sophie se souvient de ce petit vieux, retraité de la banlieue Est, qui tentait de sentir la température de la boite, ayant placé la quasi-totalité de sa pension sur la dot.com. Combien d'appels, combien d'heures au téléphone ? Même au plus haut des courbes, elle avait des sueurs froides pour le vieil homme. Et pour tous les autres.
Puis quand l’action a commencé à s’émietter, elle s’est transformé
en hot-line de l'assistance morale, du style qui dit que tout va aller
mieux alors que le patient est en train de crever.
Se racontant à
elle-même les histoires qu’elle racontait aux autres, tout en
s'agrippant au siège pivotant au moment d'ouvrir ses e-mails tous les
matins.
Pour s’enfoncer encore plus profond le glaive, Sophie a noté ses heures supplémentaires, au tarif talent quatre étoiles, puis l’état de fortune colossale et soudaine de Big Boss, le tout rapporté à ses propres moins values et ses non augmentations répétées.
Avec un bonus de 5 points à chaque déclaration de Big Boss sur "la
situation qui va se redresser, faites-moi confiance", et 10 points
chaque fois qu’il l’a qualifiée de "salope" et d’ "infantile"
-appellations pour le moins contradictoires- dans des mails
retransférés par erreur auprès d’elle.
Ah.... les queues de traine des e-mails...
Pourtant, elle l'a aimé et admiré Big Boss. Individu tourmenté, supérieurement intelligent, tout en morceaux dissonnants.
Il
lui avait donné sa chance, contre toute attente, en l'embauchant en
deux minutes. Ayant reniflé le potentiel et la personnalité de Sophie.
Bon casting.
Le job en question était un continent vierge, il lui a filé les clefs et a laissé faire.
Sophie y a imaginé et développé une technosphère qui lui a survécu, bien après qu'elle se soit éjectée de l'avion en flammes.
Big Boss demandait parfois à Sophie où elle allait donc chercher ses inspirations tout en concluant ce bref compliment d'un "good" laconique.
Big Boss l'a protégée, sans avoir l'air d'y toucher, contre les attaques répétées de la Meute. Et c'est toujours à elle qu'il a accordé son oreille en dernier ressort devant les ramassis d'embrouilles générées par ladite Meute.
Elle aurait souhaité être proche de Big Boss, car comme elle a vu
qui il était, il a vu qui elle était. Mais au jeu des non-dits, les
huîtres sont reines.
Machiavélique, Big Boss. Maniant le feu et
la glace, l'affect et le cynisme, soulevant parfois un coin de rideau
et assénant le pire coup la minute suivante. Du style qui déstabilise
puis porte l'estoque.
Trop d'images se superposent dans la tête de Sophie, alors qu'elle
contemple son reflet jaunasse dans la vitre du wagon. C'est bien pâteux
tout ça. Elle étouffe et zappe.
Tiens, station Parmentier, comme les
patates. C’est vrai qu’il y a quelque chose de la pomme de terre dans
les visages de ses compagnons de voyage sous-terrain.
Suffirait-il que l’on remplace cette lumière de fin du monde par quelque chose de plus aimable aux traits et au teint, que les cernes se creusent moins, que les rides s’effacent, que les dents brillent, pour que tous ces gens redeviennent des Terriens ?
Une idée à laisser trainer auprès de la Régie des Transports Parisiens. Sophie ne doute pas qu'un jour, peut-être, elle se retrouvera devant un ponte de la RATP à discuter éclairage. Car dans la vie de Sophie, tout semble vouloir arriver. Coûte que coûte.
A vous !!!
Les commentaires récents