Pas une panne d'inspiration, mais une totale panne d'ADSL ici depuis vendredi 14 h. Tout fonctionne, mais rien ne marche... inquiétant pronostic.... Plus de téléphone, plus de mails, plus de réactions possibles à vos commentaires et retour au bon vieux "dial up system" où charger la moindre page donne le loisir de faire un ménage complet de la maison entretemps...
La muse par contre n'est pas en panne et voici la suite pour l'heure.....
... Ce breuvage obligatoire est sans doute un test d’endurance pour les amalgames que le dentiste colle au fond des cavités, faute d’en agrémenter ses réflexions.
Assise toute seule dans la salle d’attente, Sophie savoure les bavardages des habitants de ce petit monde qui règlent leurs problèmes avec des voix de jugement dernier.
Les mots de la secrétaire, de l’assistant, des deux associés, des patients en cours de traitement rebondissent au travers des fines cloisons. Leurs conversations n’appellent ni discrétion, ni secret et recherchent au contraire le soutien muet de l’auditeur impromptu.
Des pas dans le corridor, la porte d’entrée s’ouvre et claque, le téléphone sonne, «Aâallo, ah ! shalom Edith… oui… comme tu veux, tu passes… oui, c’est ça, d’accord… d’accord… je te dis tu passes quand tu peux, oui quand tu veux… c’est ça… alors à plus tard ».
Un ou deux pronostics sur les courses à Vincennes, le dentiste est propriétaire d'un cheval de course, un trotteur chatoyant appelé Aquarelle.
A nouveau des pas, puis le dentiste enroule enfin sa tête autour du chambranle de la porte et offre une vue panoramique sur son double clavier de dents bien alignées.
« Sophie ! Aâââ nous ! ». Sophie se faufile entre lui et la cloison et saute sur le fauteuil.
Quel bonheur ce rembourrage-là, bien au milieu du dos, exactement à l’endroit qui pince.
Ca, et l’odeur anisée du produit de rinçage, et pour un peu le boulevard parisien et pluvieux se prend pour la Croisette au grand midi.
Sophie est contente pendant un moment. Aucune décision à prendre, aucune action à engager. La roulette au bout d’une main sans bras prend toutes les responsabilités.
« C’est fini ! » « Déjà ? ». C’est qu’elle serait bien restée trois ou quatre heures de plus, en flottaison.
Bon, la veste, le parapluie, le prochain rendez-vous sur un bout de carton glissé au milieu d’une boule de vieux kleenex au fond du sac. Et le sac sur l’épaule. Non sans avoir eu droit à une entrée "propriétaire" pour le dimanche suivant, au champ de course...
En route pour la maison.
Sophie habite à l’exact opposé de République et le voyage qui l’attend, en ce jeudi soir d’embouteillages, fait figure d’expédition.
Elle se demande à ce moment-là si beaucoup de monde fait des choses aussi tordues pour naviguer de la banlieue vers Paris et retour. Ce jour-là, en provenance de sa zone 3, elle a abandonné sa voiture en lisière du Bois de Boulogne.
Il faisait si beau en ce début d’après-midi et Sophie a eu envie de marcher. Un pas puis un autre à musarder ainsi le long du Lac et elle s’est retrouvée près de la Porte Dauphine.
En retard sur tous ses plans, avec pour seul recours de plonger dans le métro pour traverser à grand bruit les entrailles soufrées de la ville.
Inutile de songer à reprendre la voiture pour passer ce satané Pont de Suresnes. Le jeudi est jour de circulation exécrable à Paris.
Un de ses ex-collègues de boulot lui avait livré la théorie selon laquelle c’est le jour de la semaine où les mecs sortent boire entre eux et rentrent à la niche plus tard, dans un état qui n’appelle pas les "transports collectifs".
Ah ah ah, il se trouvait toujours très drôle à raconter ce truc-là, invariablement le jeudi et invariablement à Sophie, avec le sourcil levé et l’intonation calculée du bon diseur qui va t’en raconter une nouvelle et une bien bonne.
Encore un copain bien solidaire qui l’a gentiment laissée bosser jour et nuit pour qu’il puisse s’engraisser de stock options et puis l’a souplement laissée tomber dès qu’elle a refusé de continuer à trimer, sans retour sur investissement, pour des pseudo patrons à l’œil plus souvent rivé sur les courbes aguicheuses des sites boursiers que sur la réalité de leur petite entreprise.
A suivre, donc...
La muse est penchée sur mon épaule, mais la déesse-elle n'est pas de la partie. L'âge de pierre, quoi....
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