Instant jubilatoire où les objetszzzzzzz d'exposition zzzzzsont aussi dans les salles et les corridorszzzzzzzzz à zzzozzzoter combien elles sont nombreuses, diverses, dangereuseszzzzzz et utileszzzzzzzz....
L'expo qui fait mouches, jusqu'au 3 septembre, à la Grande Galerie de l'Exposition !
Les "inventeurs" de l'Expo qui fait mouches se sont totalement explosés la rate sur leurs sujets, appelant en renfort les élèves des Arts Déco qui ont écrasé une mouche de 3 mètres de long dès l'entrée de l'expo-mouche.
Et recouvert les murs de mouches hybrides, telle la mouche clarinette, muse des jazzies, ou la mouche-fraise, hantise de la femme enceinte. Oui, bon, là, c'est la mouche contre-basse, mais la clarinette est en chemin...
L'homme, la femme et la mouche, à l'amour, à la guerre, à la vie, à la mort.
Chaque année, un demi-milliard d'êtres humains contractent une maladie suite à la piqûre d'un insecte, pour bonne part mouches et moustiques. Bilan = près de 2 millions de morts par an. Nous pouvons remercier ces satanés et omniprésents diptères pour la maladie du sommeil, les arboviroses (dont la dengue et la fièvre jaune), leishmanioses, onchocercose (cécitée de la rivière), choléra, typhus, dysenterie et autre paludisme.
Et pourtant, la mouche nécrophage est aussi une alliée du vivant en sa qualité d'éboueuse de la nature, dévorant tout ce qui traine et qui pue.
Elle est également l'amie de toute personne affectée de plaies infectées ou ne cicatrisant pas (diabéte, gelure, etc.). Répondant au joli nom de Lucilia Sericata, on utilise ses larves en asticothérapie pour nettoyer la plaie et relancer le processus de régénération des tissus encore sains.
Sans oublier la mouche policière et l'entomologie forensique, analyse post-mortem permettant d'obtenir des détails sur un cadavre par l'étude des insectes qui y pullulent...
"Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons."
Baudelaire, les Fleurs du Mal
Toujours là ? l'entomologie forensique, dérivée de l'entomologie traditionnelle, a été utilisée dès le 13ème siècle (!!) mais c'est beaucoup plus récemment qu'elle a été intégrée aux méthodes d'investigation des "Crim's".
Pour estimer les caractéristiques d'un décès (causes, date, lieu), le légiste dispose de nombreuses méthodes. Mais dès que les rigidités cadavériques sont dépassées et que la température corporelle est alignée à la température ambiante, toute datation devient difficile, voire impossible.
Les insectes nécrophages récoltés sur et autour du cadavre sont dans ces cas les seuls indicateurs à disposition.
La base de cette méthode (mise au point par le Dr Pierre Mégnin à la fin du XIXe siècle) réside sur une succession établie de huit escouades d'insectes, qui se répartissent selon les phases suivantes : décès récent ; début de la putréfaction ; modification des graisses ; transformation des produits caséeux ; putréfaction ammoniacale, noircissement ; début de la dessiccation ; dessiccation avancée ; attaque du squelette.
Les mouches interviennent les premières. Elles viennent pondre leurs oeufs sur ce substrat de premier choix dans les orifices naturels ; après incubation les larves se nourrissent dudit substrat jusqu'à leur maturité avant de quitter le cadavre et de passer à l'état de pupes (nymphes des insectes diptères dans leur ultime état larvaire) puis de mouches. Ensuite surviennent coléoptères et hyménoptères (parasites des oeufs et larves de mouches), des mouches plus petites que les premières, des acariens et finalement de nouveaux coléoptères.
Le ballet mortuaire compte, de la mort jusqu'à la complète disparition du cadavre, plus d'une centaine d'espèces de protagonistes.
La mouche est une merveille technologique : voici la machine qu'il faudrait utiliser pour reproduire la vision de la mouche, l'un des "appareils visuels" les mieux organisés du monde animal, permettant à cet as de la voltige d'éviter tout obstacle (y compris mon journal brandi !).
Ce robot-mouche neuromimétique (12 kg) comporte un oeil composé panoramique fait de 100 facettes en couronne + un oeil auxiliaire périscopique qui détecte la cible + 116 neurones détecteurs de mouvements transcrits en électroniques, soit 15 000 composant électroniques et 50 000 interconnexions (CNRS, Laboratoire de Neurobiologie, Neurocybernétique, Marseille).
Dialogue de mouche-toi-là avec mouche-clarinette qui s'est enfin posée :
"Où t'étais coco, ça fait une heure qu'on t'attend pour commencer".
"Ben, contrairement à ce que tu annonces plus haut, j'y vois pas si clair. J'étais pourtant bien à droite et en me croisant, le mec qui passait à toutes pompes totalement à gauche m'a heurtée et maintenant il profite de ce que j'avais bu pour me donner tous les torts. Honnêtement est-ce qu'il vaut mieux être saoule à droite ou chauffard à gauche ?"...
"J'espère que tu l'emm.... ce loustic ?"
"Un peu, oui !"
Si vous vous sentez d'attaque... replongez-vous dans Les Mouches, de Sartre.
"Je ne finirais point si je voulais parcourir toutes les différentes
sortes de mouches que l'on trouve dans les prairies, les bois et les
jardins ; je dirais seulement que leurs décorations surpassent en luxe,
en couleurs et en variétés toute la magnificience des habits de cour
des plus grands princes."
L'Encyclopédie (Diderot et d'Alembert, 1778)
Quant à moi, je ne regarderai plus jamais une mouche de la même façon, j'envisage même une forme de respect à l'occasion de nos cohabitations à venir....
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