Tout est parti d'un mail de Christophe, "Et toi ?"... "et moi quoi ?" "Va donc voir sur mon blog" ... sondage "avez-vous testé Second Life ?"
Encore ce machin ! La moutarde me monte. Autant les jeux de rôles peuvent être intéressants, autant Second Life me déplait pour toutes sortes de raison : aliénation, associalisation, autisme, fuite dans un monde peuplés de z'éros et de putes, pardon "escorts". Sans compter que l'image est moche comme tout.
Môsieur Resse a rejoint avec humour quelques unes de mes pensées ici, puisque dans Second Life, on retrouve son banquier, Madame Royal, des manifs, Nike, sa bagnole et sa concierge.... nouvel espace de pub et de tests produits in virtuo auprès de joueurs (sont-ce encore des joueurs) exploités ou exploitant cet "univers".
Mais passons sur les symptômes et attachons-nous plutôt au mal lui-même.
L'idée même de Second Life et de tous les univers virtuels qui vont rapidement prendre sa relève (voir Grandeur et Décadence de Second Life), ne pouvait germer que dans un cerveau baignant dans un environnement puritain.
Je m'explique...
Au début était l'Amérique... Les fondamentaux de cette jeune nation ont été fortement influencés par les puritains, chassés d'Angleterre dans les années au 17ème siècle avec la restauration de la monarchie par Charles II.
Les plus célèbres de ces migrations sont celle des Pilgrim Fathers du
Mayflower en 1620 et celle de la Baie de Massachusetts en 1629. Les
Quakers de William Penn en 1691 en sont un autre avatar. Arrivés sur ces terres vierges pour pratiquer librement leur religion, ils ont établi, outre-Atlantique, des communautés régies par la loi de Dieu telle qu'ils l'entendaient.
Ainsi naquirent, dans la Nouvelle Angleterre, des États puritains, d'esprit austère et républicain, qui seront à l'origine de l'indépendance américaine au XVIIIe siècle et qui ont profondément marqué jusqu'à nos jours la mentalité des États-Unis.
Cette mentalité se distingue notamment par :
- la séparation entre l'humain ("ordonné" par la loi divine) et la nature ("désorganisée" et hostile)
- la paranoïa ("nous sommes assiégés") et la peur du pêché sous toutes ses formes conduisant inévitablement au démon (prohibition, ligues de pudeur, abstinence sexuelle)
- l'ostracisme envers les non-white american protestants (KKK, ségrégations)
- l'isolationisme et le complexe de supériorité ("nous sommes le peuple élu")
- la consécration de l'entreprise et la protection de la propriété privée, arme au poing, s'il le faut.
Le puritanisme se distingue par les chasses aux sorcières, dont un exemple célèbre est l'affaire des Sorcières de Salem.
Tout ce qui est naturel : le corps, la nature, l'amour, le sexe, le plaisir, est d'essence satanique, le diable étant toujours en vogue chez les fondamentalistes.
Il est intéressant d'observer la politique américaine en matière de gestion des parcs naturels par exemple : de grands espaces ont été délimités et très soigneusement réglementés, d'où ont été chassées les populations autochtones rurales (dans les Appalaches, notamment).
La nature "sauvage", "Wilderness", ne saurait cohabiter avec l'homme et inversement.
Elle est un parc d'attraction comme un autre : "une zone naturelle est, par opposition avec les zones où les communautés humaines et leurs activités dominent le paysage, un lieu intouché par l'homme, où l'homme est un visiteur qui n'est pas destiné à rester." (source Wilderness Act).
Ou le tollé soulevé par une femme allaitant son bébé en couverture de BabyTalk l'an dernier !
L'homme artificiel, désorienté, coupé de ses sources et devenu étranger à sa nature humaine, frustré dans ses pulsions sexuelles, incapable de jouissance, harcelé par le qu'en dira-t'on, humilié par ses échecs(*), l'homme castré a inventé Second Life.
Dans Second Life, l'homme se re-crée : mot intéressant que "récréation" n'est-ce pas ?
Il s'exhibe, il copule sans crainte de s'engager, d'attraper un virus ou des enfants.
Son égo, sa jouissance, ses instincts trouvent enfin un champ d'expression illimité.
Cet "état de conscience modifié", comme lors de la prise de LSD induit une "redescente" dans la vraie vie forcément décevante.
Second Life, ancêtre de tous les systèmes qui vont très certainement lui succéder, aux raffinements technologiques insoupçonnés, préfigure-t'il
> L'extinction de l'espèce humaine ?
> Une mutation de l'espèce en créatures sédentaires, solitaires et alliénées, branchées en permanence sur leur interface de "haute réalité" ?
et «redouter qu’en 2020, nos machines soient devenues vraiment intelligentes et surtout capables d’évoluer rapidement. Au point de finir par nous traiter comme de simples animaux domestiques» (Paul Saffo, directeur de l’Institute for The Future, Palo Alto)
> Ou, a contrario, un monde définitivement pacifié : les conflits, guerres, génocides, terrorismes, réglements de comptes et vendettas s'exprimant désormais dans le monde virtuel ?
Qu'en pensez-vous ?
"... il nous reste encore notre liberté
intérieure, cet espace intérieur dans lequel les hommes peuvent
échapper à la contrainte extérieure et se sentir libre. C'est encore le
seul endroit où la pensée humaine demeure cachée à tous les regards, à
l'observation des autres hommes, sauf à notre propre introspection."
Antoine Bootoine
> Cela se nomme le libre-arbitre, rempart majeur contre les Second Life et autres. Représente-t'il une menace pour ces systèmes savants et invasif, et à ce titre, est-il "programmé" de le "débrancher" à terme ?
Mes remerciements à :
Echo.levillage.org et Antoine Bootoine
Michel K Titareff
Fred Cavazza
Clio.fr
Pour rigoler un peu :
Quelques prophéties...
Icônographie : Getty images
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(*) cette description peut également passer pour la définition d'un serial killer en puissance....
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