2007 : il serait plus que temps de de débattre de ces idées-là et sans langue de bois ou a priori corporatistes ou purement idéologiques...
1 - L'immigration, atout pour notre pays... ? et quelques réflexions générales sur l'ostracisme ou le serpent de mer de la diversité...
2 - Le boost de la natalité, une bonne chose ? les vieux, les jeunes, la solidarité inter-générationnelle, la France et le Monde
3 - En finir une bonne fois avec les 35 heures dans une société "égalitaire" qui protége les riches et appauvri les plus fragiles ? Et quid du "coup d'état" des marchés financiers ?
(ne soyez pas "perplexifiés" par la longueur de la note qui suit et surtout prenez votre temps !)
Ce que je crois :
1 - L'immigration est une chance pour notre pays : D'où quelle provienne, elle apporte richesses par la multiplication des besoins qu'elle engendre et donc de l'offre proposée, des emplois créés (arrêtons de répandre l'idée que ces gens-là se les roulent toute la journée) et de la diversité de cultures et d'imagination qu'elle engendre.
Un afflux de population bien maîtrisé et intégré est la condition de notre croissance aujourd'hui et de notre survie demain.
. De la fécondité des immigrés :
non, les immigrés "ne se reproduisent pas comme des lapins". En effet, dès la seconde génération, le taux de fécondité des immigrés rejoint celui de ce qu'on appelle le "substrat" (population de souche déjà bien installée), à 1.8 enfants par femme à ce jour.
Michèle Tribalat a démontré qu'en matière de natalité, l'immigration est un "fusil à un coup".
. Là où le bât blesse ou "le verrou culturel" :
les immigrés qui viennent en France sont ici pour y rester et le regroupement familial est une bonne chose pour leur permettre de se fixer.
Le problème qui se pose n'est pas l'acceptation de ces immigrés en tant que tels, mais le verrou culturel concernant l'état des relations entre hommes et femmes.
Dans une république laïque, individualisée et se voulant "égalitaire", nous avons du mal à accepter les immigrés appartenant à des confessions issues de sociétés archaïques hiérarchisant les relations entre les sexes et n'ayant pas entamé ou à peine leur transition démographique.
(source Paul Yonnet, sociologue, auteur du "Recul de la mort" - Gallimard).
Or, de deux choses l'une, soit les femmes et les jeunes filles issues de l'immigration montrent la voie égalitaire à leurs mecs, soit les influences archaïques de la culture et/ou de la religion sont plus fortes qu'elles. Signifiant qu'à terme, elles en viendraient à influencer également notre société !
Alors, faut-il les aider (accueillir, former, intégrer) ou au contraire les enfoncer (les oublier ?) sans en calculer les conséquences pour notre propre peau ?
Par conséquent :
. Stop à l'ostracisme et à la discrimination qui coupent tout élan à notre économie et à notre croissance... et autant pour nous et notre république "égalitaire" :
>> Le World Economic Forum classe la France en 70ème position dans le classement mondial de l'égalité homme-femme 2006 après la Moldavie, le Kazaksthan de l'ami Borat et le Pérou !
(source WEF).
Or, l'égalité homme-femme, contrairement aux idées généralement "reçues" par certains, est un moteur puissant pour l'économie.
>> L'ostracisme ne fait pas dans la nuance et ce qui s'applique au sexe vaut aussi bien pour l'origine : nul étonnement, alors que les entreprises françaises n'ont jamais autant parlé de "diversité", que l'on observe que le champ des discriminations n'a cessé d'augmenter et nous fait perdre sur tous les tableaux. En créativité, émulation, innovation.
Pire encore, il semble bien que détenir un diplôme de niveau élevé quand on a un patronyme maghrébin ne facilite en rien la tâche pour trouver du travail et ralentit même l'accès à l'emploi.
(source Baromètre Adia).
Allez, ouste, les seniors, les femmes, les hommes ou femmes de couleur, bon courage pour trouver un travail correspondant à vos compétences réelles...
Et de fait, adieu à nos belles espérances de croissance et de progrès social !
L'Eurostar et le Thalys ont encore de beaux jours devant eux...
Quoique.... ne me faites pas dire que c'est mille fois mieux ailleurs. En matière d'optimisation du capital humain, les entreprises, où qu'elles soient, et malgré la présence en leur sein d'experts et consultants de tous poils, ne savent pas comment accueillir ou retenir leurs meilleurs éléments. Voici un retour d'expérience US chez Eric Jackson.
2 - A contrario, arrêtons de prôner une forte natalité comme solution à tous nos problèmes économiques : ralentissement de la croissance, question des retraites, réglement de la dette.
. Du vieillissement :
s'il est naturel pour une société développée telle que la nôtre qu'elle "vieillisse", il n'en est pas pour autant question de "tuer tous les vieux" !
Le vieillissement de la population, perçu comme une charge économique pour les générations suivantes provient du fait que nous raisonnons à l'envers :
>> L'un des problèmes est qu'on met des gens dans la force de l'âge, à la retraite, alors qu'ils ont acquis une expérience formidable, ultra-rentable, et qu'ils ne peuvent plus transmettre ce "capital".
Ne plus encadrer l'âge de la retraite et permettre aux volontaires de rester en poste délesterait notablement le poids des retraites (et des coûts de pathologies directement liées à une condition sociale mal acceptée) et permettrait aux anciens de former des jeunes et de les rendre opérationnels et donc productifs beaucoup plus rapidement qu'aujourd'hui.
>> L'autre problème est que la courbe des revenus s'est inversée dans les années 1970 et que de toute évidence, personne n'en a tenu compte : avant cette date, les pauvres étaient les personnes âgées qui n'avaient pas eu le temps de cotiser suffisamment pour profiter à plein du système des retraites d'après guerre. Aujourd'hui, les pauvres sont les jeunes, qui accèdent difficilement à un emploi stable, non déclassé, et au logement, alors que les seniors s'installent dans une retraite confortable.
Le sociologue Louis Chauvel a analysé le processus : "un choix sociétal, délibéré ou non, a été fait de conserver les acquis de la génération qui a cueilli les fruits de la croissance au détriment des intérêts de la suivante."
Aux anciens, aujourd'hui, de venir en aide aux enfants et aux petits-enfants grâce au capital économique accumulé par la famille. Ces derniers maintenus, de fait, sous une tutelle frustrante et perdant toute confiance en eux-mêmes, sans compter le moral. Générations foutues ou mauvaise passe ?
. Des jeunes :
j'adhère au puissant ras le bol des jeunes, étudiants ou actifs, à l'égard de la classe politique, quel que soit son bord, qui ne veut rien comprendre et remet à plus tard ou à jamais les vraies questions qui détermineront l'avenir.
Consulter à ce propos Impulsion Concorde, présidée par Clément Pitton / agrandir la vignette ci-contre >>>
ainsi que le post, sur ce blog, concernant les "Ogres".
Un pays qui se coupe de sa jeunesse est un pays sans avenir et quoi qu'on en dise.
(source Françoise Fressoz, éditorialiste aux Echos)
. De la natalité :
face à certains "populationistes fous" qui souhaiteraient voir une France à 100 millions d'habitants, très rapidement, afin de relancer notre croissance et payer notre dette, le bon sens et de nombreux économistes, amis de la logique et de la planète, se demandent s'il faut se réjouir de ce type de news "annonçant que la France est l'un des pays occidentaux qui a encore un taux de natalité important".
Car si puissance économique devait systématiquement rimer avec puissance démographique, l'Inde et la Chine seraient de super-puissances depuis des siècles. Sans compter certains pays africains.
Il faut se mettre dans la tête que la Terre est "finie" versus "infinie" ou "illimitée" dans ses capacités et ses ressources.
Aujourd'hui, on estime qu'il y aura 70 millions d'habitants en France en 2050, avec une moyenne de 100 000 immigrés par an. Cela semble raisonnablement raisonnable, à la condition que bien gérée, la France puisse accueillir, intégrer, fournir éducation, travail, ressources et soins à l'ensemble de ses résidents.
Mot-clé : équilibre, entre les âges, les communautés, les cultures.
Second mot-clé : mobilité, avec l'expatriation de français pouvant créer une diaspora mondiale influante. On compte aujourd'hui 3 millions de français à l'étranger, un chiffre en nette hausse depuis 10 ans. Certains déplorent cette "fuite des cerveaux". D'autres l'envisagent de façon positive car elle contribue, à contrario, à créer des réseaux dont l'importance économique et de représentation ne s'est jamais démentie.
Dans la compétition internationale, un réseau mondial formé par des français installés à l'étranger est un atout au plan économique.
Bon, très bien tout ça, me direz-vous, mais revenons-en au financement de la dette, des retraites, de la croissance ?
>> à court terme :
- Rendre la dépense publique efficace : investir dans l'avenir et le retour sur investissement très élevé (éducation, formation de qualité à tout âge, infrastructures) et éviter tout gaspillage ou projets pharaoniques improductifs
- Se défier de la bureaucratie excessive qui pénalise l'investissement et tue l'esprit d'entreprise
- Etablir, sans délai, un contrat intergénérationnel de solidarité pour assurer l'équité entre les générations : fixer le rapport entre ce que les retraités vont toucher et ce que pourront payer les jeunes actifs et répartir les risques entre les générations (source Gosta Esping-Andersen)
- Faciliter de toutes façons possible la transmission des patrimoines aux jeunes générations pour franchir la mauvaise passe
>> et à moyen et long terme, il convient de :
- Penser le monde en terme global et non en terme de nations, ces dernières à l'identité homogène et vivant en vase clos. Cette vision ancienne n'a pas manqué d'engendrer le nationalisme, que les fascismes du XXème siècle ont tenté d'imposer. Chaud devant ! Le danger est toujours présent avec de nouveaux extrêmistes qui tentent de s'opposer à une vision plus ouverte du monde.
- Garder constamment à l'esprit que la planète telle qu'elle est "gérée" aujourd'hui ne parvient pas à nourrir et désalter ses enfants "des pays du Sud", et n'est pas prête d'y parvenir, au rythme actuel de surexploitations des ressources naturelles et énergétiques.
- Se rappeler que la nature a horreur du vide et les murs ne peuvent rien contre le sens de l'histoire :
les pays, qui se dépeuplent actuellement, par une chûte de leur natalité ou/et une émigration excessive seront demain de formidables terres d'accueil pour tous les réfugiés politiques et environnementaux que la suite des évènements ne va pas manquer de jeter, par millions, sur les routes de l'exode.
Et pas uniquement les pauvres paysans Bengalis ou Sub-sahariens, mais également leurs classes moyennes et leurs élites.
Sans compter les Hollandais et les résidents de San Francisco ou de Floride, si l'on en croit la démonstration de Al Gore : "Une vérité qui dérange" / le trailer ici, suite à la montée du niveau des eaux.
On peut imaginer, par exemple, que des millions de Chinois iront repeupler et se fixer sur le territoire russe et ses terres agricoles très fertiles et de plus en plus laissées à l'abandon.
Donc, si nous, disons les "Pays du Nord", tentons de booster à tous crins notre natalité, il n'y aura plus de place pour accueillir ces autres, qui viendront vivre, travailler, se mélanger et à terme faire de cette planète un monde de terriens.
3 - Enfin, haro sur les idéalistes (et je suis tendre) qui ont mis en place le système des 35 h....
Une idée si nazebroque qu'un gamin de 17 ans qui devrait plancher sur un tel sujet au bac en verrait tout de suite les freins et les inconvénients :
Car le travail ne se divise pas, il se multiplie !
Plus on travaille, plus on crée des richesses et donc de la demande et donc de la main-d'oeuvre pour répondre à cette demande, d'une part, et des moyens pour la payer.
Plus on travaille, plus on gagne les moyens de vivre dignement et de pousser la croissance d'une région, d'un pays, d'un continent.
Plus on travaille, plus on gagne sa vie et plus on espère la gagner mieux.
Mot-clé : espérance.
Les 35 h, c'est sans doute très bien pour certains salariés ultra protégés de la fonction publique et des grandes entreprises. Et devinez qui d'autres ? les haut revenus qui ont tout gagné dans ce système dit "social".
Quant aux autres, et bien ils se débrouillent...
> Qui travaille 35 h dans les PME ? Dans les professions libérales ? Chez les free lances ?
C'est 39 h ou 40 h ou bien plus, mais avec de sacrées modérations salariales pour les employés de ces structures depuis 2000, passage aux 35 h oblige !
> Et puis, quid des intérimaires rémunérés à l'heure ? Les malheureux préfèreraient être payés 39 h par semaine, plutôt que 35 h (4 h en moins par semaine x 4 = 16 heures en moins sur la fiche de paie mensuelle, déjà pas flamme !).
Inutile pour eux de réclamer à faire des heures supp', elles ne leur seront pas payées.
> Et le temps partiel forcé, proprement scandaleux en matière sociale ?
Préoccupés comme rarement par l'évolution de leur salaire, très pessimistes sur les possibilités d'embauche et majoritairement critiques sur les effets des 35 heures, les salariés attendent du prochain président de la république, quel qu'il soit, une vraie rupture (attention, ne vous méprenez pas : je ne parle pas ici de "rupture tranquille", Ok ?).
Les jeunes, les salariés les plus modestes, demandeurs de plus de travail, les ouvriers (un ouvrier sur deux dit avoir perdu à la RTT), sont inquiets et en colère.
Les ouvriers justement : saviez-vous qu'en France un ouvrier ou un travailleur manuel vit en moyenne 6 à 7 années de moins qu'un cadre ?(source : Ipsos pour l'Observatoire des acteurs du travail Manpower-LCI)
Pouvoir d'achat en chûte, incapacité d'épargner, endettement massif : un français sur deux a peur de se retrouver, un jour, à la rue.
"Cette exception française de la réduction du temps de travail" que personne ailleurs n'a songé à adopter une seule seconde coupe les ailes et la motivation des salariés. Terreau fertile pour conflits, grogne sociale et stress profond.
Et Monsieur Delors de déclarer récemment "les français ont encore envie de travailler et de se réaliser au travail". Thank you Mister Delors !
Pour lui, l'inquiétude chez les salariés réside surtout dans "la peur de la mondialisation". Et oui, encore quelqu'un qui a tout compris à la culture du marronnier.
... comme si nous pouvions exister en autarcie dans notre pays
Alors que la mondialisation pouvait et peut encore être une formidable opportunité en ouvrant de nouveaux horizons et de nouveaux marchés, en échangeant de nouveaux projets dans les domaines de la recherche et de l'innovation, à saisir dès à présent, Monsieur Delors, vous-même et vos amis politiques de tous bords, par laxisme, indifférence ou lâcheté collective, vous êtes surtout laissés dépasser par des forces plus puissantes et avisées que vous et non démocratiques : les marchés financiers. Un coup d'état à l'échelle mondiale.
Des petits exemples ? D'un côté, nos ministres montant au créneaux plusieurs fois en 2006 pour "défendre" Arcelor contre Mittal, ou GDF contre l'italien Enel, faisant preuve d'un activisme effréné et coûteux ! Alors qu'ils se réjouissent, à raison, des emplettes réalisées par nos entreprises à l'étranger.
Et de l'autre, curieusement, une opération, pourtant essentielle à la vie économique du pays, est passée totalement ignorée de nos dirigeants : le rachat d'Euronext (la bourse paneuropéenne) par le NYSE américain.
La "grammaire des affaires" de nos politiques est visiblement à géométrie variable.
Pour en revenir à la planète financière (marchés, fonds dans le coté et le non coté), il y a eu conjonction de divers éléments qui ont permis à ces divers acteurs de prendre le gouvernail, en s'engouffrant dans les vides juridiques laissées béants par le processus de globalisation et en profitant d'une conjoncture favorable en termes de taux d'intérêts.
Conçus à la base pour fournir aux entreprises les capitaux nécessaires à la mise en oeuvre de leur développement, les marchés financiers en paraissent aujourd'hui totalement déconnectés.
Les fonds d'investissement par ailleurs, de KKR à Carlyle, en passant par Blackstone ou TPG, font leur grand Monopoly (leur pouvoir d'achat est actuellement évalué à 200 milliards de dollars) et remettent en question, par l'exigeance de retour sur investissement à très court terme, les conditions même de l'existence des entreprises, du travail, bref, de l'état du monde et de la vie des hommes... tels les châluts raclant le fond des mers.
Actuellement florissants, fondés sur un afflux spectaculaire de liquidités à bas prix ou à crédit, les marchés ne sont-ils pas eux-même à la veille d'un nouvel éclatement dévastateur ? agrandir la vignette ci-contre >>
Et qu'en sera-t'il de nous alors ? J'ai envie de vous répondre "Bof... quand la finance va bien, ça ne nous rapporte rien de très bon. Mais si une grosse bulle explose, et bien on nous dira encore que tout va mal pour cette raison...."
En conclusion...
Souhaitons-nous continuer à dériver en attendant un miracle OU décidons-nous d'utiliser les forces antagonistes en notre faveur plutôt que de tenter de leur résister à petits coups de bec ? > Le concept principal du ju-jitsu est le jū, littéralement la « souplesse », c'est-à-dire éviter l'attaque et la contrôler, sans opposition de force. Par cette technique, Ju yoku go o sei suru : le doux vainc le dur.
Je m'en voudrais de conclure ce billet sur des propos aussi icônoclastes. J'insiste sur le fait que je ne prétends nullement détenir vérité ou solutions valides. Ce débat est ouvert !
Mais avant, quelques conseils de lectures >>
Gapminder / Tendances 2005 du développement humain (merci Henri !)
ONU : les objectifs du millénaire pour le développement
Illustrations : Magazine Déc 2006 - Janv 2007
Carte des flux migratoires 97-2000 Académie de Nantes
Vignettes de presse : Les Echos décembre 2006 / l'article de Larry Summers du 271206 a été publié en collaboration avec le "Financial Times"
Merci au blog BellaCiao d'avoir repris ce billet ICI
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